Cest un auteur engagĂ© de romans, d’essais et de nouvelles qui a obtenu de nombreux prix dont le prix Goncourt en 2012. Cannibale , publiĂ© en 1998 revient sur l’exposition coloniale de 1931, Ă  Paris et dĂ©nonce le comportement des hommes politiques français qui ont organisĂ© et promu cet Ă©vĂ©nement qui semble scandaleux aujourd’hui. ILes diffĂ©rentes finalitĂ©s des textes ALe texte narratif 1Objectif raconter Discours narratif Le discours narratif raconte une histoire. Le narrateur Ă©voque des Ă©vĂ©nements vĂ©cus par un ou plusieurs roman est composĂ© essentiellement de discours narratif. Il raconte les Ă©vĂ©nements vĂ©cus par les discours narratif se reconnaĂźt Ă  la prĂ©sence de nombreux verbes d' MisĂ©rables, Paris, Ă©d. Albert Lacroix et CieCet extrait relĂšve du discours narratif car il accumule les verbes d'action "s'enfonça", "suivait", "coupa", "gagna", "longea", "dĂ©passa", "s'arrĂȘta". 2Actions et paroles rapportĂ©es Le discours narratif se caractĂ©rise par une succession d'actions. Celles-ci peuvent consister Ă  Ă©changer des paroles. Le rĂ©cit se compose donc du discours du narrateur et des paroles Ă©changĂ©es par les personnages. Ces paroles rapportĂ©es peuvent ĂȘtre transmises de diffĂ©rentes façons. Il existe plusieurs sortes de discours Un discours direct oĂč les paroles sont rapportĂ©es comme elles ont Ă©tĂ© prononcĂ©es. Un discours indirect oĂč les paroles sont rapportĂ©es dans des propositions subordonnĂ©es conjonctives. Un discours indirect libre oĂč les paroles sont rapportĂ©es en s'inscrivant dans le rĂ©cit sans ĂȘtre rapportĂ©es dans des subordonnĂ©es conjonctives. Un discours narrativisĂ© oĂč les paroles ne sont pas rapportĂ©es clairement mais correspondent plutĂŽt Ă  une sorte de rĂ©sumĂ© de ce qui a Ă©tĂ© dit. Les MisĂ©rables, Paris, Ă©d. Albert Lacroix et CieCet extrait alterne les verbes de parole qui sont aussi des verbes d'action et les paroles rapportĂ©es directes, identifiables aux tirets en dĂ©but de ligne. Ces derniers marquent la prise de parole par un nouvel interlocuteur. 3Le temps dans le texte narratif Deux systĂšmes temporels sont Ă  la disposition du narrateur Le systĂšme du passĂ© actions au passĂ© simple, descriptions Ă  l'imparfait, retours en arriĂšre au plus-que-parfait, anticipations au conditionnel prĂ©sent. Le systĂšme du prĂ©sent actions et descriptions au prĂ©sent, retours en arriĂšre au passĂ© composĂ©, anticipations au futur simple. Ces deux systĂšmes ne peuvent pas se mĂ©langer. Par ailleurs, les actions ne sont pas toujours proposĂ©es dans leur ordre chronologique Le narrateur peut revenir en arriĂšre avec des analepses. Le narrateur peut anticiper la suite des Ă©vĂ©nements avec des prolepses. Enfin, le lecteur peut avoir l'impression que le temps s'Ă©coule de maniĂšre irrĂ©guliĂšre La pause est un moment oĂč l'action s'arrĂȘte. Le temps semble aussi s'arrĂȘter. La scĂšne est un Ă©vĂ©nement dĂ©taillĂ©. Elle ralentit le dĂ©filement du temps. Le sommaire est un Ă©vĂ©nement long rĂ©sumĂ©. Il accĂ©lĂšre le dĂ©filement du temps. L'ellipse occulte une partie des Ă©vĂ©nements. C'est un saut dans le temps. BLe texte descriptif faire voir 1Objectif faire voir La description a pour objectif de montrer au lecteur un Ă©lĂ©ment de l'espace du rĂ©cit. Il peut s'agir d'un paysage, d'un bĂątiment, d'un objet, d'une personne, le cas de la description d'une personne, on parle de MisĂ©rables, Paris, Ă©d. Albert Lacroix et CieCet extrait montre Ă  voir la physionomie du personnage nommĂ© Montparnasse. 2Des Ă©tats et des prĂ©cisions La description emploie essentiellement Des verbes d'Ă©tat Des verbes conjuguĂ©s Ă  l'imparfait de l'indicatif L'imparfait, qui caractĂ©rise des durĂ©es indĂ©terminĂ©es, est propice Ă  la description donne Ă  voir des paysages, des objets, des lieux, des personnages. L'auteur prend le temps de dĂ©tailler un Ă©lĂ©ment important du rĂ©cit. Les prĂ©cisions sont apportĂ©es par Des adjectifs qualificatifs souvent apprĂ©ciatifs Des groupes nominaux prĂ©positionnels complĂ©ments du nom Des propositions subordonnĂ©es relatives Des mĂ©taphores et des comparaisons Des champs lexicaux Par ailleurs, les noms et les adjectifs qualificatifs employĂ©s peuvent ĂȘtre connotĂ©s positivement ou nĂ©gativement. On nomme ces prĂ©cisions la caractĂ©risation de la description. Le PĂšre Goriot, Paris, Ă©d. Edmond Werdet, coll. "ScĂšnes de la vie privĂ©e"Cette description de la salle Ă  manger de la pension accumule les verbes d'Ă©tat, les expansions du nom et un lexique connotĂ© nĂ©gativement. Le texte nous fait voir un intĂ©rieur dĂ©fraĂźchi et inhospitalier. 3L'espace dans la description La description donne Ă  voir certains Ă©lĂ©ments importants du rĂ©cit, comme les lieux ou les personnages. Aucune description n'est anodine. L'analyser apprend beaucoup sur la dĂ©marche du description prĂ©sente une organisation du plus gĂ©nĂ©ral au plus prĂ©cis, du haut vers le bas, de la gauche vers la droite, etc.. Cette organisation donne des pistes d'interprĂ©tation sur la dĂ©marche du narrateur. Pour analyser l'organisation de la description, il faut observer La liste des Ă©lĂ©ments dĂ©crits pour en comprendre la progression Les connecteurs spatiaux Les complĂ©ments circonstanciels de lieu Le Ventre de Paris, Paris, Ă©d. Charpentier 1878Cette description des Halles de Paris est organisĂ©e elle part de la charpente pour redescendre sur les Ă©tals. Par ailleurs, les Ă©lĂ©ments dĂ©crits sont caractĂ©risĂ©s par diffĂ©rentes expansions du nom et des mĂ©taphores. CLe texte explicatif 1Objectif informer le lecteur Le texte explicatif a pour fonction de rĂ©pondre Ă  diffĂ©rentes questions que pourrait se poser le lecteur. Le discours est donc centrĂ© sur l' mille lieues sous les mers, Ă©d. Pierre-Jules HetzelDans cet extrait, le capitaine Nemo explique le fonctionnement des diffĂ©rents accessoires de navigation du Nautilus. 2Un discours encyclopĂ©dique Le discours explicatif se caractĂ©rise par L'absence ou l'effacement du locuteur L'utilisation du prĂ©sent de l'indicatif Ă  valeur de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale Un vocabulaire technique et spĂ©cifique Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert"Calcul", EncyclopĂ©die ou Dictionnaire raisonnĂ© des sciences et des artsDans cet extrait, le locuteur est totalement absent. Par ailleurs, le discours est au prĂ©sent de l'indicatif. On relĂšve l'emploi de termes spĂ©cifiques comme "combinaison". Il s'agit bien d'un article encyclopĂ©dique. 3Une organisation progressive Le discours explicatif est organisĂ©. Il prĂ©sente une progression Soit temporelle logique chronologique Soit logique de la cause vers la consĂ©quence logique dĂ©ductive Soit logique de la consĂ©quence vers la cause logique inductive Il convient donc de relever les connecteurs logiques afin de percevoir la progression du discours. Au Bonheur des Dames, Paris, Ă©d. CharpentierCe texte explicatif prĂ©sente une progression chronologique. Celle-ci est notable Ă  l'utilisation des connecteurs logiques "d'abord" et "puis". DLe texte argumentatif 1Objectif faire adhĂ©rer le lecteur Le discours argumentatif exprime une opinion dĂ©fendue par le locuteur qui Ă©taye, soutient ou rĂ©fute des idĂ©es. Celui-ci veut faire adhĂ©rer le lecteur Ă  cette Badinter, ministre de la JusticeDiscours de Robert Badinter, Ă  l'AssemblĂ©e nationale pour l'abolition de la peine de mort en France, ParisDans cette fin de discours, Robert Badinter s'implique dans son discours et invite l'auditoire, composĂ© de sĂ©nateurs et de dĂ©putĂ©s, Ă  adhĂ©rer Ă  la loi d'abolition de la peine de mort. 2Un locuteur engagĂ© Le locuteur exprime son opinion par divers procĂ©dĂ©s Le prĂ©sent d'Ă©nonciation et le prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale Des verbes d'opinion ou de jugement Des adverbes modalisateurs Des figures par opposition antithĂšse, paradoxe, etc., des figures d'amplification Ă©numĂ©ration, gradation, etc. ou encore d'attĂ©nuation euphĂ©misme, litote, etc. La prĂ©sence de la premiĂšre personne du singulier Des adresses au lecteur 2e personne du singulier, questions rhĂ©toriques, etc. Un vocabulaire connotĂ© positivement ou nĂ©gativement Le Rouge et le Noir, Paris, Ă©d. LevasseurDans cet extrait, Julien s'implique en employant la premiĂšre personne du singulier. Par ailleurs, il emploie des termes connotĂ©s et des figures par analogie comme la comparaison. 3Un discours organisĂ© Le discours argumentatif est organisĂ© au moyen de connecteurs logiques exprimant La cause La consĂ©quence L'addition L'opposition Actuelles III. Chroniques 1939-1958. Chroniques algĂ©riennes, Paris, Ă©d. Gallimard, NRF, coll. "Blanche"Dans cet extrait, l'auteur manifeste une progression logique grĂące Ă  des connecteurs comme "en effet" ou "alors". ETableau rĂ©capitulatif des types de textes Texte narratif Texte descriptif Texte explicatif Texte argumentatif Genres littĂ©raires RomanNouvelleFableConte RomanNouvelleFableContePoĂ©sieÉlogeBlĂąme Article de presseArticle de dictionnaire Essai Apologue DialogueArticle de l'EncyclopĂ©die XVIIIe Fonctions Raconter une histoire DĂ©crire un personnage, un objet ou un lieu Informer et dĂ©tailler Convaincre, persuader, dĂ©libĂ©rer, dĂ©montrer CaractĂ©ristiques Temps du rĂ©cit passĂ© simple, imparfait, prĂ©sent de narration Indices spatio-temporels SchĂ©ma narratif situation initiale, Ă©lĂ©ment perturbateur, pĂ©ripĂ©ties, Ă©lĂ©ment de rĂ©solution, situation finale Temps de la description imparfait, prĂ©sent Pause dans l'action Nombreux adjectifs Nombreux complĂ©ments du nom Nombreuses figures de style analogiques Temps du texte explicatif le plus souvent, prĂ©sent de vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale Nombreux connecteurs logiques Pas de marques d'Ă©nonciation, pas de prĂ©sence du narrateur / locuteur Vocabulaire prĂ©cis et clair Phrases courtes Temps de l'argumentation tous les temps mais souvent prĂ©sent Marques d'Ă©nonciation fortes "je", "moi", "Ă  mon avis", "me", etc. Connecteurs logiques Arguments et exemples IIDĂ©crypter le texte pour en comprendre la finalitĂ© ALes diffĂ©rences de registre de langue 1Le registre courant Le registre courant correspond Ă  une utilisation correcte et quotidienne du discours. On le reconnaĂźt Ă  Des phrases simples mais bien construites Un vocabulaire courant et neutre L'absence de figures de style Pot-Bouille, Paris, Ă©d. CharpentierLa simplicitĂ© des phrases et l'absence de vocabulaire connotĂ© montrent un registre courant. 2Le registre soutenu Le registre soutenu manifeste une recherche esthĂ©tique dans la construction du discours. Celui-ci se reconnaĂźt Ă  Des phrases longues, souvent complexes Un vocabulaire spĂ©cialisĂ©, technique, spĂ©cifique ou imagĂ© Des figures de style Du cĂŽtĂ© de chez Swann, Paris, Ă©d. GrassetLa longueur des phrases de cet extrait est caractĂ©ristique du registre soutenu. 3Le registre familier Le registre familier manifeste un relĂąchement du langage. On le reconnaĂźt Ă  Des phrases aux constructions grammaticalement incorrectes La prĂ©sence de mots issus de langues populaires comme l'argot ou du verlan, rĂ©gionales ou Ă©trangĂšres Des analogies en lien avec des Ă©lĂ©ments matĂ©riels Un vocabulaire connotĂ© Voyage au bout de la nuit, Paris, Ă©d. DenoĂ«l et SteeleLe registre familier se reconnaĂźt Ă  la construction incorrecte des phrases et Ă  l'emploi de mots appartenant Ă  l'argot comme "chique". BL'usage du vocabulaire 1Le champ lexical Champ lexical Le champ lexical est un ensemble de mots faisant rĂ©fĂ©rence Ă  un thĂšme champ lexical de la peur est trĂšs rĂ©pandu dans les rĂ©cits fantastiques."Le Horla", dans le recueil de nouvelles Le Horla, Paris, Ă©d. Paul OllendorfCet extrait contient un champ lexical de la peur. En effet, on relĂšve les mots "frisson", "effrayante", "angoisse" et "Ă©pouvantable". 2Le champ sĂ©mantique Champ sĂ©mantique Le champ sĂ©mantique est l'ensemble des sens accordĂ©s Ă  un mot. Le mot "lit" a plusieurs sens. On distingue ainsi L'objet sur lequel s'Ă©tend un ĂȘtre humain. L'espace dans lequel s'Ă©coule un fleuve ou une riviĂšre.
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Quandj’avais fini d’inhaler l’hĂŽpital, de le renifler ainsi, profondĂ©ment, j’allais, suivant la foule indigĂšne, m’immobiliser un moment devant cette sorte de pagode Ă©rigĂ©e prĂšs du Fort par un traiteur pour l’amusement des rigolos Ă©rotiques de la colonie. Les Blancs cossus de Fort-Gono s’y montraient Ă  la nuit, ils s’y entĂȘtaient au jeu, tout en lampant d’abondance
Ce blog est personnel, la rĂ©daction n’est pas Ă  l’origine de ses contenus. Il Ă©tait le grand favori des prix littĂ©raires ; la critique avait encensĂ© son roman dĂšs sa parution en aoĂ»t 2018. David Diop vient enfin de recevoir un prix le Goncourt des lycĂ©ens » créé en 1988. Ce qui a sĂ©duit les jeunes jurĂ©s? c’est la vision terrible de la Grande Guerre » entre sagesse » de l’Afrique et folie » de l’Europe. Et prĂ©cisĂ©ment dans le dĂ©roulĂ© des souvenirs du narrateur, Alfa Ndiaye, ex tirailleur sĂ©nĂ©galais qui a combattu au front sous le drapeau français, vont s’affronter deux mondes celui de l’enfer du champ de bataille oĂč toutes les valeurs sont abolies et celui d’une terre aimante gĂ©nĂ©reuse. Tout comme le lecteur sera invitĂ© Ă  entendre deux voix dans ce thrĂšne des temps modernes dĂ©diĂ© Ă  l’Ami, ce frĂšre d’ñme suis deux voix simultanĂ©es. L’une s’éloigne et l’autre croĂźt. Cheikh Hamidou Kane L’aventure ambiguĂ«, citĂ© en exergue DĂšs l’incipit, l’aveu je sais j’ai compris je n’aurais pas dĂ» »-qui d’ailleurs sera souvent repris en Ă©cho - Ă©nonce dans sa gradation mĂȘme une prise de conscience et un regret. Un aveu qui semble Ă©merger d’une longue pĂ©riode de silence -ce dont tĂ©moigneraient les points de suspension qui le narrateur se rappelle d’abord les circonstances qui ont prĂ©sidĂ© Ă  son choix devenir sauvage. Son frĂšre d’armes, son plus que frĂšre » son frĂšre d’ñme prĂ©cisĂ©ment et le titre du roman joue sur la paronomase implicite se meurt agonise. Pour n’avoir pas rĂ©pondu aux trois supplications de l’achever, empĂȘtrĂ© par des pensĂ©es commandĂ©es par le devoir et recommandĂ©es par le respect des lois humaines », Alfa taraudĂ© par la culpabilitĂ© dĂ©cide alors de venger son plus que frĂšre Mademba Diop. Ce que je n’ai pas fait pour Mademba je le fais pour l’ennemi aux yeux bleus. La France a besoin de notre sauvagerie alors on obĂ©it. Mais moi je suis devenu sauvage par rĂ©flexion. Le rĂ©cit d’une folie meurtriĂšre assumĂ©e n’omet aucun dĂ©tail dans la restitution quasi clinique du corps Ă  corps avec l’ennemi d’en face et vante la fiertĂ© du travail accompli aprĂšs tout, la nuit tous les sangs sont noirs ; rĂ©alisme cru certes mais en parfaite adĂ©quation avec la barbarie de cette guerre... Entre la cinquiĂšme et la sixiĂšme main coupĂ©e,-c’est le trophĂ©e que rapporte Alfa du camp ennemi- une scĂšne traitĂ©e en un long plan sĂ©quence en dit long sur la dĂ©mence cruelle des chefs le capitaine Armand -aux yeux noyĂ©s d’une colĂšre continue- intime l’ordre de tuer les 7 traĂźtres » ceux qui refusent d’obĂ©ir au sifflet de la mort ». EcoeurĂ© par la laideur du carnage, blĂąmant intĂ©rieurement la folie du capitaine, Alfa salue le courage » de ses copains dont Alphonse et Albert offerts comme du gibier aux salves ennemies
 D’abord complices, les Toubabs et les Chocolats en viennent Ă  redouter celui qu’ils assimilent Ă  un sorcier » un dĂ©mm un dĂ©voreur d’ñmes. DĂšs la septiĂšme main coupĂ©e, Alfa est Ă©vacuĂ© Ă  l’ArriĂšre. Et c’est dans le Centre oĂč le sourire appelle le sourire, qu’il va convoquer -Ă  partir de dessins- son passĂ© heureux Ă  Gandiol, sa relation avec Fary, et surtout l’amitiĂ© indĂ©fectible qui l’a liĂ© Ă  Mademba Diop, -deux adolescents si dissemblables et pourtant si proches. Une Ă©vocation souvent empreinte de poĂ©sie et d’onirisme qui selon une tradition orale, tisse l’interpĂ©nĂ©tration des rĂšgnes et des espĂšces, dans une perspective animiste, oĂč anamorphoses et mĂ©tamorphoses semblent se rejoindre dans un cosmos originel. L’auteur prĂȘte Ă  son personnage un regard Ă  la fois enfantin, circonspect ingĂ©nu et ironique. Et pourtant certains Ă©pisodes frappent par leur cruautĂ© la mĂšre disparue et peut-ĂȘtre enlevĂ©e par les Maures du Nord, le mercantilisme du collecteur d’impĂŽts -et en filigrane les ravages de la colonisation- auxquels s’oppose la sagesse du pĂšre
 C’est Ă  Mademba Diop qu’est dĂ©diĂ© ce thrĂšne des temps modernes. Ce roman se donne en effet Ă  entendre comme un chant funĂšbre aux accents de cantilĂšne parfois. Des cris dĂ©chirants contre l'inconcevable et des chuchotements caressants contre l'indicible. Les rĂ©currences de certaines formules mon plus que frĂšre, par la vĂ©ritĂ© de Dieu, la parentĂ© Ă  plaisanterie, les anaphores qui scandent des paragraphes ou/et les rĂ©pĂ©titions lancinantes Ă  l’intĂ©rieur de paragraphes, la mĂ©taphore quasi omniprĂ©sente de la femme terre ont la force incantatoire de rĂ©cits mythiques. Et c’est l’expression dedans dehors » dĂ©clinĂ©e dans ses sens propre et figurĂ© et en ses multiples variations qui est le leitmotiv le dedans de la terre Ă©tait dehors, le dedans de mon esprit Ă©tait dehors, Fary m’a ouvert le dedans de son corps; derriĂšre ses lunettes le docteur François regarde le dedans de nos tĂȘtes, etc. DualitĂ© et dichotomie ! Division et antagonisme ! Alfa entre l’humain et l’inhumain !.le Corps et l’Âme ! Vers la fin du roman s’interrogeant sur sa propre identitĂ© et sur la façon de se raconter lui qui ne parle pas le français sait que la vĂ©ritĂ© de la parole n’est pas une mais double voire triple il dĂ©couvre qu’il est double ».Phrases et rythme sont alors au service de cette rĂ©vĂ©lation hallucinĂ©e et lucide qui allie les contraires je dĂ©pouille je vide les crĂąnes et les corps[
} mais je suis aussi la lune rouge qui se lĂšve sur le fleuve[
] Je suis l’innocent et le coupable ». Il sait qu’il est l’ami qu’il aurait dĂ» achever en cette journĂ©e funeste et que son Ăąme s’en est allĂ©e mourir dans le corps de son plus que frĂšre ». Au final le je » renverra Ă  Mademba Diop et le tu » Ă  Alfa son plus que frĂšre. L’absence d’article ou d’adjectif possessif dans le titre du roman, n’induisait-elle pas une rĂ©ciprocitĂ© ? AmitiĂ© fusionnelle que Montaigne -d’ailleurs citĂ© en exergue-, a cĂ©lĂ©brĂ©e et rĂ©sumĂ©e dans cette phrase qui rĂ©sonne par-delĂ  les siĂšcles nous nous embrassions par nos noms » A travers le parcours de ce jeune artilleur sĂ©nĂ©galais, David Diop non seulement rĂ©habilite la mĂ©moire des oubliĂ©s » du carnage que fut la premiĂšre mondiale tout en tordant le cou aux prĂ©jugĂ©s racistes Ă  l'encontre des Noirs, mais en une langue originale le wolof adaptĂ© Ă  la langue française il convertit la violence des souvenirs en appels dĂ©chirants et si profondĂ©ment humains ! L’histoire du sorcier-lion est pleine de sous-entendus, celui qui la raconte peut y dissimuler une autre histoire qui pour ĂȘtre dĂ©voilĂ©e doit se laisser deviner un peu
. Ainsi de FrĂšre d’ñme ?
Aucunedescription n'est anodine. L'analyser apprend beaucoup sur la démarche du narrateur. La description présente une organisation (du plus général au plus précis, du haut vers le bas, de la gauche vers la droite, etc.). Cette organisation donne
Vous rĂ©digerez une synthĂšse ordonnĂ©e en 300 mots des trois textes ci-dessous Texte 1 Voltaire, Candide, 1759. Texte 2 Stendhal, La Chartreuse de parme, 1839. Texte 3 CĂ©line, Voyage au bout de la nuit, 1932. Texte1 Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonnĂ© que les deux armĂ©es. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. Les canons renversĂšrent d'abord Ă  peu prĂšs six mille hommes de chaque cĂŽtĂ© ; ensuite la mousqueterie ĂŽta du meilleur des mondes environ neuf Ă  dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baĂŻonnette fut aussi la raison suffisante de la mort de quelques milliers d’hommes. Le tout pouvait bien se monter Ă  une trentaine de mille Ăąmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu’il put pendant cette boucherie hĂ©roĂŻque. Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, il prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin ; il Ă©tait en cendres c’était un village abare que les Bulgares avaient brĂ»lĂ©, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblĂ©s de coups regardaient mourir leurs femmes Ă©gorgĂ©es, qui tenaient leurs enfants Ă  leurs mamelles sanglantes ; lĂ  des filles, Ă©ventrĂ©es aprĂšs avoir assouvi les besoins naturels de quelques hĂ©ros, rendaient les derniers soupirs ; d’autres, Ă  demi brĂ»lĂ©es, criaient qu'on achevĂąt de leur donner la mort. Des cervelles Ă©taient rĂ©pandues sur la terre Ă  cĂŽtĂ© de bras et de jambes coupĂ©s. Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village il appartenait Ă  des Bulgares, et les hĂ©ros abares l’avaient traitĂ© de mĂȘme. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou Ă  travers des ruines, arriva enfin hors du théùtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n’oubliant jamais Mlle CunĂ©gonde. Voltaire, Candide, 1759 Et d’abord Fabrice ne comprenait pas ; enfin il remarqua qu’en effet presque tous les cadavres Ă©taient vĂȘtus de rouge. Une circonstance lui donna un frisson d’horreur ; il remarqua que beaucoup de ces malheureux habits rouges vivaient encore ; ils criaient Ă©videmment pour demander du secours, et personne ne s’arrĂȘtait pour leur en donner. Notre hĂ©ros, fort humain, se donnait toutes les peines du monde pour que son cheval ne mĂźt les pieds sur aucun habit rouge. L’escorte s’arrĂȘta ; Fabrice qui ne faisait pas assez d’attention Ă  son devoir de soldat, galopait toujours en regardant un malheureux blessĂ©. — Veux-tu bien t’arrĂȘter, blanc-bec ! lui cria le marĂ©chal des logis. Fabrice s’aperçut qu’il Ă©tait Ă  vingt pas sur la droite en avant des gĂ©nĂ©raux, et prĂ©cisĂ©ment du cĂŽtĂ© oĂč ils regardaient avec leurs lorgnettes. En revenant se ranger Ă  la queue des autres hussards restĂ©s Ă  quelques pas en arriĂšre, il vit le plus gros de ces gĂ©nĂ©raux qui parlait Ă  son voisin, gĂ©nĂ©ral aussi ; d’un air d’autoritĂ© et presque de rĂ©primande, il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiositĂ© ; et, malgrĂ© le conseil de ne point parler, Ă  lui donnĂ© par son amie la geĂŽliĂšre, il arrangea une petite phrase bien française, bien correcte, et dit Ă  son voisin — Quel est-il ce gĂ©nĂ©ral qui gourmande son voisin ? — Pardi, c’est le marĂ©chal ! — Quel marĂ©chal ? — Le marĂ©chal Ney, bĂȘta ! Ah çà ! oĂč as-tu servi jusqu’ici ? Fabrice, quoique fort susceptible, ne songea point Ă  se fĂącher de l’injure ; il contemplait, perdu dans une admiration enfantine, ce fameux prince de la Moskova, le brave des braves. Tout Ă  coup on partit au grand galop. Quelques instants aprĂšs, Fabrice vit, Ă  vingt pas en avant, une terre labourĂ©e qui Ă©tait remuĂ©e d’une façon singuliĂšre. Le fond des sillons Ă©tait plein d’eau, et la terre fort humide qui formait la crĂȘte de ces sillons, volait en petits fragments noirs lancĂ©s Ă  trois ou quatre pieds de haut. Fabrice remarqua en passant cet effet singulier ; puis sa pensĂ©e se remit Ă  songer Ă  la gloire du marĂ©chal. Il entendit un cri sec auprĂšs de lui c’étaient deux hussards qui tombaient atteints par des boulets ; et, lorsqu’il les regarda, ils Ă©taient dĂ©jĂ  Ă  vingt pas de l’escorte. Ce qui lui sembla horrible, ce fut un cheval tout sanglant qui se dĂ©battait sur la terre labourĂ©e, en engageant ses pieds dans ses propres entrailles il voulait suivre les autres le sang coulait dans la boue. Ah ! m’y voilĂ  donc enfin au feu ! se dit-il. J’ai vu le feu ! se rĂ©pĂ©tait-il avec satisfaction. Me voici un vrai militaire. » A ce moment, l’escorte allait ventre Ă  terre, et notre hĂ©ros comprit que c’étaient des boulets qui faisaient voler la terre de toutes parts. Il avait beau regarder du cĂŽtĂ© d’oĂč venaient les boulets, il voyait la fumĂ©e blanche de la batterie Ă  une distance Ă©norme, et, au milieu du ronflement Ă©gal et continu produit par les coups de canon, il lui semblait entendre des dĂ©charges beaucoup plus voisines ; il n’y comprenait rien du tout. Stendhal, La chartreuse de Parme, Livre I, chapitre III, 1839 Texte 3 Moi d'abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j'ai jamais pu la sentir, je l'ai toujours trouvĂ©e triste, avec ses bourbiers qui n'en finissent pas, ses maisons oĂč les gens n'y sont jamais, et ses chemins qui ne vont nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre en plus, c'est Ă  pas y tenir. Le vent s'Ă©tait levĂ©, brutal, de chaque cĂŽtĂ© des talus, les peupliers mĂȘlaient leurs rafales de feuilles aux petits bruits secs qui venaient de lĂ -bas sur nous. Ces soldats inconnus nous rataient sans cesse, mais tout en nous entourant de mille morts, on s'en trouvait comme habillĂ©s. Je n'osais plus remuer. Ce colonel, c'Ă©tait donc un monstre! A prĂ©sent, j'en Ă©tais assurĂ©, pire qu'un chien, il n'imaginait pas son trĂ©pas! Je conçus en mĂȘme temps qu'il devait y en avoir beaucoup des comme lui dans notre armĂ©e, des braves, et puis tout autant sans doute dans l'armĂ©e d'en face. Qui savait combien, Un, deux, plusieurs millions peut-ĂȘtre en tout? DĂšs lors ma frousse devint panique. Avec des ĂȘtres semblables, cette imbĂ©cillitĂ© infernale pouvait continuer indĂ©finiment... Pourquoi s'arrĂȘtaient-ils? Jamais je n'avais senti plus implacable la sentence des hommes et des choses. Serais-je donc le seul lĂąche sur la terre? pensais-je. Et avec quel effroi!... Perdu parmi deux millions de fous hĂ©roĂŻques et dĂ©chaĂźnĂ©s et armĂ©s jusqu'aux cheveux? Avec casques, sans casques, sans chevaux, sur motos, hurlants, en autos, sifflant, tirailleurs, comploteurs, volant,r Ă  genoux creusant, se dĂ©filant, caracolant dans les sentiers, pĂ©taradant, enfermĂ©s sur la terre comme dans un cabanon, pour y tout dĂ©truire, Allemagne, France et continents, tout ce qui respire, dĂ©truire, plus enragĂ©s que les chiens, adorant leur rage ce que les chiens ne font pas, cent, mille fois plus enragĂ©s que mille chiens et tellement plus vicieux! Nous Ă©tions jolis! DĂ©cidĂ©ment, je le concevais, je m'Ă©tais embarquĂ© dans une croisade apocalyptique. On est puceau de l’Horreur comme on l’est de la voluptĂ©. Comment aurais-je pu me douter moi de cette horreur en quittant la place Clichy ? Qui aurait pu prĂ©voir, avant d’entrer vraiment dans la guerre, tout ce que contenait la sale Ăąme hĂ©roĂŻque et fainĂ©ante des hommes ? A prĂ©sent, j’étais pris dans cette fuite en masse, vers le meurtre en commun, vers le feu
 Ça venait des profondeurs et c’était arrivĂ©. Louis-Ferdinand CĂ©line, Voyage au bout de l’enfer, 1932 SynthĂšse de textes La guerre Note de synthĂšse rĂ©digĂ©e Voltaire, Stendhal et CĂ©line, dans trois textes romanesques mettent en scĂšne des hĂ©ros apparemment naĂŻfs qui font l’expĂ©rience sensible de la guerre, ce qui permet d’en dĂ©noncer l’absurditĂ© et d’en remettre en cause les valeurs. La guerre apparaĂźt d’abord comme une activitĂ© initiatique Ă  travers laquelle le personnage apprend la rĂ©alitĂ© d’un conflit armĂ©. Si Fabrice assiste Ă  la bataille de Waterloo en spectateur Ă©merveillĂ© que la rapiditĂ© des Ă©vĂ©nements empĂȘche de saisir correctement la rĂ©alitĂ© du combat, Candide lui, fait le constat amer de l’atrocitĂ© aprĂšs avoir Ă©tĂ© amusĂ© par l’apparente harmonie du spectacle des deux armĂ©es. De mĂȘme, Bardamu passe d’une admiration bĂ©ate pour son colonel Ă  un constat lucide et moqueur de la barbarie de la guerre. Cette prise de conscience conduit Ă  une description de la guerre comme une activitĂ© absurde. Fabrice ne perçoit dans la guerre qu’une suite de dĂ©placements accompagnĂ©s de dĂ©flagrations sans comprendre le sens global du dĂ©roulement de la bataille. Chez Voltaire, l’absurditĂ© de la guerre est soulignĂ©e par le contraste ironique entre la cruautĂ© de l’affrontement et la noblesse des principes qu’on invoque pour le lĂ©gitimer. Chez CĂ©line enfin, la guerre n’est rien d’autre qu’une destruction gĂ©nĂ©ralisĂ©e que Bardamu est incapable de comprendre. La violence et l’incohĂ©rence qui caractĂ©risent la guerre dĂ©bouchent sur la remise en question de l’hĂ©roĂŻsme. Chez Stendhal, la dĂ©mystification des hĂ©ros passe par la description triviale de leur physionomie et surtout de leur action, rĂ©duite Ă  des mouvements dĂ©sordonnĂ©s, enfoncĂ©s dans la boue et enveloppĂ©s de fumĂ©e. Voltaire assimile le combat Ă  un carnage hĂ©roĂŻque avant de dĂ©noncer les crimes et les viols des prĂ©tendus hĂ©ros. CĂ©line enfin dĂ©nigre les fous enragĂ©s, armĂ©s jusqu’aux dents, et trouvant du plaisir dans la destruction. 304 mots.
Lesprodigieuses victoires de la psychologie moderne. Prodigieuses victoires de la psychologie - Document PDF. Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne. Categories: 48 Example Widget. This is an example widget to show how the After-Entry sidebar looks by default. You can add custom widgets from the widgets screen in the admin. Leave a Reply

Prix Fetkann ! de la Jeunesse Tierno, jeune Peulh de dix-sept ans, poursuit ses Ă©tudes Ă  Dakar Ă  l'"Ă©cole des Blancs". Mais c'est un tout autre apprentissage qui l'attend enrĂŽlĂ©... Lire la suite 4,99 € E-book - PDF Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 4,99 € Grand format En stock 6,50 € Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat DĂšs validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier Tierno, jeune Peulh de dix-sept ans, poursuit ses Ă©tudes Ă  Dakar Ă  l'"Ă©cole des Blancs". Mais c'est un tout autre apprentissage qui l'attend enrĂŽlĂ© malgrĂ© lui par un recruteur peu scrupuleux, il se trouve Ă  bord d'un paquebot qui part pour la France. Biographie de Yves Pinguilly Yves Pinguilly est nĂ© Ă  Brest en 1944. Adolescent, il est marin et navigue sur plusieurs cargos. Il dĂ©couvre les sept mers et les cinq continents. DĂ©jĂ , il se laisse mĂ©tisser par les couleurs du monde. Il a Ă©crit plus d'une centaine de livres qui sont pour beaucoup des romans, mais on trouve des albums, des contes, de la poĂ©sie, du théùtre et quelques documentaires sur la peinture.

Audemeurant, ce Plan de Constantine, Ă©laborĂ© pour faire rattraper en dix (10) ans le retard accumulĂ© durant plus d'un siĂšcle, ne fut, pour les objectifs qu'il s'est donnĂ©s, qu'un complĂ©ment de propagande Ă  l'action de « pacification » de grande envergure, alors en cours. Voici briĂšvement quelques Ă©lĂ©ments essentiels : RĂ©sumĂ© et recueil de citations Ă©tablis par Bernard MARTIAL, professeur de lettres en CPGE. Entre 
 changement de page dans l’édition du Livre de poche n°6524. 1Ăšre partie, p. 22 Ă  142 LE FEU Journal d'une escouade 1916. À LA MÉMOIRE DES CAMARADES TOMBÉS À CÔTÉ DE MOI À CROUĆž ET SUR LA CÔTE 119. H. B. I. LA VISION Des hommes sont installĂ©s Ă  la terrasse du premier Ă©tage d’un sanatorium donnant sur la Dent du Midi, l’Aiguille Verte et le Mont Blanc. Silence. Les hommes sont repliĂ©s sur eux-mĂȘmes, et pensent Ă  leur vie et Ă  leur mort ». Une servante, habillĂ©e de blanc, distribue les journaux. C’est chose faite, dit celui qui a dĂ©ployĂ© le premier son journal, la guerre est dĂ©clarĂ©e. [
] 24 — C’est un crime que commet l’Autriche, dit l’Autrichien. — Il faut que la France soit victorieuse, dit l’Anglais. — J’espĂšre que l’Allemagne sera vaincue, dit l’Allemand. » Le silence est plein de la rĂ©vĂ©lation qui vient d’ĂȘtre apportĂ©e La guerre ! » Sur ce paysage, ils croient voir apparaĂźtre la guerre. Des multitudes fourmillent par masses distinctes. Sur des champs, des assauts, vague par vague, se propagent, puis s’immobilisent ; des maisons sont Ă©ventrĂ©es comme des hommes, et des villes comme des maisons, des villages apparaissent en blancheurs Ă©miettĂ©es, comme s’ils Ă©taient tombĂ©s du ciel sur la terre, des chargements de morts et des blessĂ©s Ă©pouvantables changent la forme des plaines. 25 On voit chaque nation dont le bord est rongĂ© de massacres, qui s’arrache sans cesse du cƓur de nouveaux soldats pleins de force et pleins de sang ; on suit des yeux ces affluents vivants d’un fleuve de mort. Au Nord, au Sud, Ă  l’Ouest, ce sont des batailles, de tous cĂŽtĂ©s, dans la distance. On peut se tourner dans un sens ou l’autre de l’étendue il n’y en a pas un seul au bout duquel la guerre ne soit pas. Un des voyants pĂąles, se soulevant sur son coude, Ă©numĂšre et dĂ©nombre les belligĂ©rants actuels et futurs trente millions de soldats. Un autre balbutie, les jeux pleins de tueries — Deux armĂ©es aux prises, c’est une grande armĂ©e qui se suicide. — On n’aurait pas dĂ», dit la voix profonde et caverneuse du premier de la rangĂ©e. Mais un autre dit — C’est la RĂ©volution française qui recommence. — Gare aux trĂŽnes ! annonce le murmure d’un autre. Le troisiĂšme ajoute — C’est peut-ĂȘtre la guerre suprĂȘme. Il y a un silence, puis quelques fronts, encore blanchis par la fade tragĂ©die de la nuit oĂč transpire l’insomnie, se secouent. — ArrĂȘter les guerres ! Est-ce possible ! ArrĂȘter les guerres ! La plaie du monde est inguĂ©rissable. » Quelqu’un tousse. Le calme des paysages submerge ces visions et les parleurs rentrent en eux, prĂ©occupĂ©s par leurs poumons. Le soir, un orage Ă©clate sur le massif du Mont-Blanc et les hommes regardent les coups de tonnerre Ă©clater sur la montagne. 26 — ArrĂȘter la guerre ! disent-ils. ArrĂȘter les orages ! » Les visions de l’orage se confondent avec le spectacle de la guerre Mais les contemplateurs placĂ©s au seuil du monde, lavĂ©s des passions des partis, dĂ©livrĂ©s des notions acquises, des aveuglements, de l’emprise des traditions, Ă©prouvent vaguement la simplicitĂ© des choses et les possibilitĂ©s bĂ©antes
 Celui qui est au bout de la rangĂ©e s’écrie — On voit, en bas, des choses qui rampent. — Oui
 c’est comme des choses vivantes. — Des espĂšces de plantes
 — Des espĂšces d’hommes. VoilĂ  que dans les lueurs sinistres de l’orage, au-dessous des nuages noirs Ă©chevelĂ©s, Ă©tirĂ©s et dĂ©ployĂ©s sur la terre comme de mauvais anges, il leur semble voir s’étendre une grande plaine livide. Dans leur vision, des formes sortent de la plaine, qui est faite de boue et d’eau, et se cramponnent Ă  la surface du sol, aveuglĂ©es et Ă©crasĂ©es de fange, comme des naufragĂ©s monstrueux. Et il leur semble que ce sont des soldats. La plaine, qui ruisselle, striĂ©e de longs canaux parallĂšles, creusĂ©e de trous d’eau, est immense, et ces naufragĂ©s qui cherchent Ă  se dĂ©terrer d’elle sont une multitude
 Mais les trente millions d’esclaves jetĂ©s les uns sur les autres par le crime et l’erreur, dans la guerre de la boue, lĂšvent leurs faces humaines oĂč germe enfin une volontĂ©. L’avenir est dans les mains des esclaves 27, et on voit bien que le vieux monde sera changĂ© par l’alliance que bĂątiront un jour entre eux ceux dont le nombre et la misĂšre sont infinis. » II. DANS LA TERRE Sur le champ de bataille le ciel, la terre et l’eau. La tranchĂ©e 28 Des espĂšces d’ours c’est nous ! Je vois des ombres Ă©merger de ces puits latĂ©raux, et se mouvoir, masses Ă©normes et difformes des espĂšces d’ours qui pataugent et grognent. C’est nous ». EnterrĂ©s au fond d’un champ de bataille depuis plus de quinze mois, depuis cinq cents jours. PrĂ©sentation des hommes de l’escouade Paradis 29, Volpatte et Firmin 30, Lamuse, Biquet, Tirette, le pĂšre Blaise 31, Barque
 Blaire se fĂącha. Ses sourcils se froncĂšrent sous son front oĂč s’accumulait la noirceur. — Qu’est-c’ que tu m’embĂȘtes, toi ? Et pis aprĂšs ? C’est la guerre. Et toi, face d’haricot, tu crois p’t’ĂȘtre que ça n’te change pas la trompette et les maniĂšres, la guerre ? Ben, r’garde-toi, bec de singe, peau d’fesse ! Faut-il qu’un homme soye bĂȘte pour sortir des choses comme v’lĂ  toi ! » 32 
 Marthereau, Tirloir, PĂ©pin 33, Tulacque. Regroupement de l’escouade de Bertrand et de la moitiĂ© de la section Ă  un coude de la tranchĂ©e 34. Notre compagnie occupe en rĂ©serve, une parallĂšle de 2e ligne. La nuit travaux de terrassement, le jour attente. DĂ©but de l’aube. Les divers accoutrements des hommes PĂ©pin, Barque, Lamuse, Eudore, Tulacque, les casques 35 Biquet, Cadilhac, les jambes ! Volpatte, Mesnil AndrĂ©, Tirette, Marthereau, PĂ©pin, Barque 36. Histoire des bottes du fantassin allemand prises par Caron Ă  un mitrailleur bavarois abattu prĂšs de la route des PylĂŽnes et confiĂ©es Ă  Poterloo au moment de son Ă©vacuation. Comment chacun s’occupe Mesnil Joseph, blaire, Marthereau, Lamuse, Eudore, Volpatte, Mesnil AndrĂ© 37 Barque. Trois gĂ©nĂ©rations de soldats Nos Ăąges ? Nous avons tous les Ăąges. Notre rĂ©giment est un rĂ©giment de rĂ©serve que des renforts successifs ont renouvelĂ© en partie avec de l’active, en partie avec de la territoriale. Dans la demi-section, il y a des des bleus et des demi-poils. Fouillade a quarante ans. Blaire pourrait ĂȘtre le pĂšre de Biquet, qui est un duvetier de la classe 13. Le caporal appelle Marthereau grand-pĂšre » ou vieux dĂ©tritus » selon qu’il plaisante ou qu’il parle sĂ©rieusement. Mesnil Joseph serait Ă  la caserne s’il n’y avait pas eu la guerre. Cela fait un drĂŽle d’effet quand nous sommes conduits par notre sergent Vigile, un gentil petit garçon qui a un peu de moustache peinte sur la lĂšvre, et qui, l’autre jour, au cantonnement, sautait Ă  la corde avec des gosses. Dans notre groupe disparate, dans cette famille sans famille, dans ce foyer sans foyer qui nous groupe, il y a, cĂŽte Ă  cĂŽte, trois gĂ©nĂ©rations qui sont lĂ , Ă  vivre, Ă  attendre, Ă  s’immobiliser, comme des statues informes, comme des bornes ». Originaires de toutes les rĂ©gions Nos races ? Nous sommes toutes les races ». Poterloo, mineur de Calonne, Fouillade, batelier de Cette 38, Cocon de Lyon, Biquet le Breton, AndrĂ© Mesnil le Normand, Lamuse, paysan du Poitou, Barque, le Parisien,, Tirette de Clichy-la-Garenne, Paradis du Morvan. Nos mĂ©tiers ? Un peu tout dans le tas ». Laboureurs et ouvriers pour la plupart. Lamuse, valet de ferme, Paradis, charretier, Cadilhac a des terres, PĂšre Blaise, mĂ©tayer dans la Brie, barque, garçon livreur, le Caporal Bertrand, contremaĂźtre dans une manufacture de gainerie 39, Tirloir, peintre de voitures, Tirloir, bistrotier Ă  la barriĂšre du TrĂŽne, Eudore tient un estaminet prĂšs du front, Mesnil AndrĂ©, pharmacien, son frĂšre Mesnil Joseph, vendeur de journaux dans une gare, Cocon, quincailler, Becuwe Adolphe et Poterloo, mineurs. Plus ceux dont on ne se rappelle pas le mĂ©tier ou que l’on confond PĂ©pin qui n’en a pas. Pas de profession libĂ©rale autour de moi. Des instituteurs sont sous-officiers Ă  la compagnie ou infirmiers. Dans le rĂ©giment, un frĂšre mariste est sergent au service de santĂ© ; un tĂ©nor, cycliste du major ; un avocat, secrĂ©taire du colonel ; un rentier, caporal d’ordinaire Ă  la Compagnie Hors Rang. Ici, rien de tout cela. Nous sommes des soldats combattants, nous autres, et il n’y a presque pas d’intellectuels, d’artistes ou de riches qui, pendant cette guerre 40, auront risquĂ© leurs figures aux crĂ©neaux, sinon en passant, ou sous des kĂ©pis galonnĂ©s ». On diffĂšre profondĂ©ment
 mais pourtant on se ressemble diversitĂ©s d’ñges, d’origine, de situation, mĂȘmes silhouettes, mĂȘmes mƓurs, mĂȘmes habitudes, mĂȘme caractĂšre simplifiĂ© d’hommes revenus Ă  l’état primitif », mĂȘme parler, fait d’un mĂ©lange d’argots et de patois. Et puis, ici, attachĂ©s ensemble par un destin irrĂ©mĂ©diable, emportĂ©s malgrĂ© nous sur le mĂȘme rang, par l’immense aventure, on est bien forcĂ©, avec les semaines et les nuits, d’aller se ressemblant. L’étroitesse terrible de la vie commune nous serre, nous adapte, nous efface les uns dans les autres. C’est une espĂšce de contagion fatale. Si bien qu’un soldat apparaĂźt pareil Ă  un autre sans qu’il soit nĂ©cessaire, pour voir cette similitude, de les regarder de loin, aux distances oĂč nous ne sommes que des grains de la poussiĂšre qui roule dans la plaine ». On attend et on se fatigue d’attendre On attend toujours, dans l’état de guerre. On est devenus des machines Ă  attendre ». On attend la soupe, puis les lettres 41 ; aprĂšs on attend autre chose. RĂ©criminations pour la soupe. 42-43 ArrivĂ©e du ravitaillement. 44-45 Satisfaction et plaisanteries obscĂšnes. 46 Du cafĂ© et du tabac. Conversations et altercations dispute entre PĂ©pin et Tulacque 47, Lamuse s’interpose 48. Hier, c’était Plaisance qui voulait se battre avec Fumex, me dit Paradis. La journĂ©e s’avance. Brouillard et humiditĂ©. Cocon explique la situation des tranchĂ©es Il y a dans le secteur du rĂ©giment quinze lignes de tranchĂ©es françaises, les unes abandonnĂ©es, envahies par l’herbe et quasi nivelĂ©es, les autres entretenues Ă  vif et hĂ©rissĂ©es d’hommes. Ces parallĂšles sont rĂ©unies par des boyaux innombrables qui tournent et font des crochets comme de vieilles rues. Le rĂ©seau est plus compact encore que nous le croyons, nous qui vivons dedans. Sur les vingt-cinq kilomĂštres de largeur qui forment le front de l’armĂ©e, il faut compter mille kilomĂštres de lignes creuses tranchĂ©es, boyaux, sapes. Et l’armĂ©e française a dix armĂ©es. Il y a donc, du cĂŽtĂ© français, environ dix mille kilomĂštres de 49 tranchĂ©es et autant du cĂŽtĂ© allemand
 Et le front français n’est Ă  peu prĂšs que la huitiĂšme partie du front de la guerre sur la surface du monde ». Conversation entre les hommes C’est vrai, quand on y pense, qu’un soldat — ou mĂȘme plusieurs soldats — ce n’est rien, c’est moins que rien dans la multitude, et alors on se trouve tout perdu, noyĂ©, comme quelques gouttes de sang qu’on est, parmi ce dĂ©luge d’hommes et de choses » dit Barque 50. Il faut empĂȘcher les Boches de passer caporal Bertrand. Fouillade rouspĂšte. Moi, dit Barque, je ne rouspĂšte plus. Au commencement, je rouspĂ©tais contre tout le monde, contre ceux de l’arriĂšre, contre les civils, contre l’habitant, contre les embusquĂ©s. Oui, j’rouspĂ©tais, mais c’était au commencement de la guerre, j’étais jeune. Maint’nant, j’prends mieux les choses ». Prendre les choses comme elles viennent, vivre au jour le jour, faire ce qu’on nous dit de faire Faut vivre au jour le jour, heure par heure mĂȘme, si tu peux [
] Les faces cuites, tannĂ©es, incrustĂ©es de poussiĂšre, opinent, se taisent. Évidemment, c’est lĂ  l’idĂ©e de ces 51 hommes qui ont, il y a un an et demi, quittĂ© tous les coins du pays pour se masser sur la frontiĂšre ». Renoncement Ă  comprendre, et renoncement Ă  ĂȘtre soi-mĂȘme ; espĂ©rance de ne pas mourir et lutte pour vivre le mieux possible. Faire ce qu’on doit et se dĂ©merder Chacun pour soi, Ă  la guerre ! » Souvenirs de Barque, Tirloir, Lamuse, Paradis, Blaire, PĂ©pin le bon temps » passĂ© Ă  Soissons ville quasi Ă©vacuĂ©e pendant plusieurs mois 52. Une Ă©poque d’abondance du poulet, du lapin, de l’argent. Au milieu de tout ça, on courait aprĂšs le feu. le cantonnement de la Martin CĂ©sar, le cuistot qui trouvait toujours de quoi faire du feu un violon, des queues de billard 53, des fauteuils de salon, un vieux meuble. Les chapardages le lieutenant Virvin dĂ©fonçant la porte d’une cave Ă  coups de hache, Saladin, l’officier de ravitaillement volant deux bouteilles de blanc. Le cuistot est mort d’une crise cardiaque, on l’a enterrĂ© 54. Les soldats essaient de se dĂ©brouiller pour Ă©viter les corvĂ©es sauf quand les copains sont en danger ex. de Lamuse, virtuose du tirage au flanc qui a sauvĂ© la vie Ă  des blessĂ©s en allant les chercher dans la fusillade. Presque tous les gars de l’escouade ont quelque haut fait militaire Ă  leur actif et, successivement, les croix de guerre se sont alignĂ©es sur leurs poitrines ». Aux attaques de mai, Biquet a attrapĂ© quatre Allemands. il y a deux mois, Tulacque en a tuĂ© neuf. Tulacque 55, Tirloir, Eudore n’ont rien contre les simples soldats allemands mais ils en veulent aux officiers. En tous cas, on n’est pas fixĂ© pour les hommes, reprend Tirloir, mais les officiers allemands, non, non, non pas des hommes, des monstres. Mon vieux, c’est vraiment une sale vermine spĂ©ciale. Tu peux dire que c’est les microbes de la guerre. Il faut les avoir vus de prĂšs, ces affreux grands raides, maigres comme des clous, et qui ont tout de mĂȘme des tĂȘtes de veaux ». Tirloir se souvient d’un colonel prussien aristocrate qui le mĂ©prisait. Il lui a donnĂ© un coup de pied au cul. Blaire 56 et PĂ©pin Ă©voquent les allemands qu’ils n’hĂ©siteront Ă  tuer et tous leurs objets qu’ils pourront revendre couvercles d’argent, pistolets, jumelles, casques. PĂ©pin compte bien avoir les frusques d’un galonnĂ© de Guillaume. — T’en fais pas j’saurai bien goupiller ça avant que la guerre finisse. — Tu crois Ă  la finition de la guerre, toi ? demande l’un. — T’en fais pas, rĂ©pond l’autre ». ArrivĂ©e d’un groupe deux officiers d’état-major avec des civils. Des touristes des tranchĂ©es 57. Le capitaine leur montre une banquette de tir. Deux hommes s’approchent de nous Ah ! ah ! fait le premier monsieur, voilĂ  des poilus
 Ce sont de vrais poilus, en effet » 58. Les hommes nous regardent en train de boire notre cafĂ© comme des animaux au zoo. — C’est bon, mes amis ? [
] — C’est trĂšs bien, c’est trĂšs bien, mes amis. Vous ĂȘtes des braves ! ». Nous rĂ©alisons en entendant un officier que ces hommes Ă©taient des journalistes ; Barque se moque de la propagande et des mensonges des journalistes Le kronprinz est fou, aprĂšs avoir Ă©tĂ© tuĂ© au commencement de la campagne, et, en attendant, il a toutes les maladies qu’on veut. Guillaume va mourir ce soir et remourir demain. Les Allemands n’ont plus de munitions, becquĂštent du bois ; ils ne peuvent plus tenir, d’aprĂšs les calculs les plus autorisĂ©s, que 59 jusqu’à la fin de la semaine. On les aura quand on voudra, l’arme Ă  la bretelle. Si on attend quĂšq’jours encore, c’est que nous n’avons pas envie d’quitter l’existence des tranchĂ©es ; on y est si bien, avec l’eau, le gaz, les douches Ă  tous les Ă©tages. Le seul inconvĂ©nient, c’est qu’il y fait un peu trop chaud l’hiver
 Quant aux Autrichiens, y a longtemps qu’euss i’ s n’tiennent plus i’ font semblant
 » V’lĂ  quinze mois que c’est comme ça et que l’directeur dit Ă  ses scribes Eh ! les poteaux, j’tez-en un coup, tĂąchez moyen de m’dĂ©crotter ça en cinq sec et de l’dĂ©layer sur la longueur de ces quatre sacrĂ©es feuilles blanches qu’on a Ă  salir. » Le caporal fait remarquer aux hommes qu’ils sont les premiers Ă  vouloir lire les journaux. L’attention se disperse. Une partie de manille. Cocon et Tirette Ă©voquent leurs souvenirs de caserne sujet de conversation inĂ©puisable 60. Les anecdotes des ex-troupiers dĂ©fi Ă  un gradĂ©. ArrivĂ©e du vaguemestre militaire chargĂ© du service postal. De mauvaise humeur. Il distribue le courrier 61 et transmet les ordres du gĂ©nĂ©ral commandant l’armĂ©e dĂ©fense de porter des capuchons, ordre de tailler les barbes. D’autres nouvelles aussi incertaines que fantaisistes la division serait relevĂ©e pour aller soit au repos soit au Maroc ou en Egypte 62. On veut savoir d’oĂč viennent ces informations. Le bon sens reprend le dessus et chasse le rĂȘve. Les lettres reçues et celles qu’il faut Ă©crire Tirloir et Eudore. Barque est inspirĂ© 63, Lamuse beaucoup moins, Eudore est Ă©mu. Le moment des lettres est celui oĂč l’on est le plus et le mieux ce que l’on fut. Plusieurs hommes s’abandonnent au passĂ© [
]. Sous l’écorce des formes grossiĂšres et obscurcies, d’autres cƓurs laissent murmurer tout haut un souvenir » Le pĂšre Blaire fabrique une bague pour sa 64 femme. Dans ces trous dĂ©nudĂ©s de la terre, ces hommes [
] ont l’air encore plus sauvages, plus primitifs, et plus humains, que sous tout autre aspect » Un adjudant passe avec une compagnie de territoriaux chargĂ©s dans le secteur des travaux de terrassement de seconde ligne et de l’entretien des boyaux d’arriĂšre. Des petits vieux mal fagotĂ©s ou de gros poussifs avec leurs outils 65. Tirette et Barque se moquent d’eux ; ils prennent Ă  partie deux hommes ce qui fait rire les autres. Il n’en faut pas davantage pour exciter encore les 66 deux compĂšres que le dĂ©sir de placer un mot jugĂ© drĂŽle par un public peu difficile incite Ă  tourner en dĂ©rision les ridicules de ces vieux frĂšres d’armes qui peinent nuit et jour, au bord de la grande guerre, pour prĂ©parer et rĂ©parer les champs de bataille. Et mĂȘme les autres spectateurs s’y mettent aussi. MisĂ©rables, ils raillent plus misĂ©rables qu’eux. » Les soldats continuent leurs railleries. Le dĂ©filĂ© des vĂ©tĂ©rans se termine au milieu des sarcasmes. 67 CrĂ©puscule. DĂ©filĂ© d’une troupe de tabors soldats marocains avec un tirailleur sĂ©nĂ©galais. Ceux-lĂ , on ne s’en moque pas. Leur passage est l’indice d’une attaque prochaine. Ce sont des soldats courageux. 68 — Au fond, ce sont de vrais soldats. — Nous ne sommes pas des soldats, nous, nous sommes des hommes, dit le gros Lamuse. L’heure s’est assombrie et pourtant cette parole juste et claire met comme une lueur sur ceux qui sont ici, Ă  attendre, depuis ce matin, et depuis des mois. Ils sont des hommes, des bonshommes quelconques arrachĂ©s brusquement Ă  la vie. Comme des hommes quelconques pris dans la masse, ils sont ignorants, peu emballĂ©s, Ă  vue bornĂ©e, pleins d’un gros bon sens, qui, parfois, dĂ©raille ; enclins Ă  se laisser conduire et Ă  faire ce qu’on leur dit de faire, rĂ©sistants Ă  la peine, capables de souffrir longtemps. Ce sont de simples hommes qu’on a simplifiĂ©s encore, et dont, par la force des choses, les seuls instincts primordiaux s’accentuent instinct de la conservation, Ă©goĂŻsme, espoir tenace de survivre toujours, joie de manger, de boire et de dormir ». La nuit tombe. Ordre de rassemblement de la deuxiĂšme demi-section devant le dĂ©pĂŽt d’outils 69. Chacun prend une pelle et une pioche. Coups de tonnerre dans le ciel. DESCENTE ArrivĂ©e du 6e Bataillon Ă  la fin de la nuit dans un champ prĂšs du bois des Alleux 70. Nous attendons le reste du 5e Bataillon qui Ă©tait en premiĂšre ligne. La relĂšve qui a commencĂ© hier Ă  six heures et a durĂ© toute la nuit est finie. La 18e Compagnie a eu dix-huit tuĂ©s et une cinquantaine de blessĂ©s Ă  cause des bombardements. ArrivĂ©es de la 17e, de la 18e et de la 20e. Le capitaine de la 18e compagnie passe avec sa canne 71. Je vais au devant de la 18e. Des hommes qui reviennent de l’enfer. Vacarme Ă©pouvantable. La 2e section avec son sous-lieutenant. Des onze hommes de l’escouade du caporal Marchal, il n’en reste plus que trois. Marchal m’apprend la mort de Barbier 72 samedi Ă  23h, de Besse un obus lui a traversĂ© le ventre et l’estomac, de BarthĂ©lĂ©my et Baubex atteints Ă  la tĂȘte et au cou, de Godefroy le milieu du corps emportĂ©, Gougnard jambes hachĂ©es, Mondain dimanche matin, poitrine dĂ©foncĂ©e par l’écroulement de la guitoune, Franco colonne vertĂ©brale cassĂ©e par cet Ă©croulement, Vigile idem, tĂȘte aplatie 73. Marchal est accaparĂ© par ses camarades. Un rescapĂ© Vanderborn, le tambour. Les soldats sont gais, heureux de s’en ĂȘtre sortis. Ils sont soulagĂ©s pour six semaines. Les soldats de la guerre ont, pour les grandes et les petites choses, une philosophie d’enfant ils ne regardent jamais loin ni autour d’eux, ni devant eux. Ils pensent Ă  peu prĂšs au jour le jour. Aujourd’hui, chacun de ceux-lĂ  est sĂ»r de vivre encore un bout de temps. C’est pourquoi, malgrĂ© la fatigue qui les Ă©crase, et la boucherie toute fraĂźche dont ils sont Ă©claboussĂ©s encore, et leurs frĂšres arrachĂ©s tout autour de chacun d’eux, malgrĂ© tout, malgrĂ© eux, ils sont dans la fĂȘte de survivre, ils jouissent de la gloire infinie d’ĂȘtre debout ». 74 IV. VOLPATTE ET FOUILLADE Le sergent et le capitaine sont en colĂšre. Volpatte et Fouillade ont Ă©tĂ© rĂ©quisitionnĂ©s et emmenĂ©s en premiĂšre ligne par le 5e Bataillon. Le caporal Bertrand me demande d’aller les chercher avec Farfadet. On fait le chemin Ă  l’envers en remontant la cĂŽte. Farfadet a du mal Ă  suivre. En sortant du bois, on les retrouve 75. Volpatte n’entend rien, il a des bandages autour de la tĂȘte. Fouillade explique qu’ils reviennent du lieu oĂč le 5e Bataillon les a mis jeudi et
 les a oubliĂ©s. Ils sont restĂ©s quatre jours et quatre nuits dans un trou d’obus puant et sous les balles 76. On leur avait dit de se tenir lĂ  et de tirer. Le lendemain, ils ont eu la visite d’un type de liaison du 5e qui s’est enfui. Ils ont tenu avec une boule de son, un seau de vin et une caisse de cartouches. Farfadet donne Ă  boire Ă  Volpatte qui grelotte. Ils ont fait prisonniers deux allemands qui sont tombĂ©s dans leur trou et les ont attachĂ©s. OubliĂ©s par le type de liaison, par le 6e et par le 18e 77, ils ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s par ceux du 204 Ă  qui ils ont remis les Boches. Au passage, ils ont mĂȘme sorti le sergent Sacerdote de son trou. Volpatte a Ă©tĂ© blessĂ© aux oreilles par l’explosion d’un obus. Retour. Farfadet et moi, nous portons le barda de Volpatte. Il se rĂ©jouit car avec sa blessure, il va ĂȘtre Ă©vacuĂ© 78. Dix heures sonnent au village. Volpatte imagine dĂ©jĂ  son Ă©vacuation comme ce qui est arrivĂ© Ă  Jules Crapelet. Il montre la photo de sa femme et de ses deux garçons. Il dit que ses oreilles repousseront pendant sa convalescence et que d’ici lĂ  la guerre sera peut-ĂȘtre finie J’irai en convalo, dit Volpatte, et pendant qu’mes oreilles se recolleront, la femme et les p’tits me regarderont 79, et je les regarderai. Et pendant c’temps-lĂ  qu’elles r’pouss’ront comme des salades, mes amis, la guerre, elle s’avancera
 Les Russes
 On n’sait pas, quoi !
 ». Fouillade en est presque jaloux et Farfadet comprend maintenant ce que veut dire une bonne blessure » la seule chose qu’un pauvre soldat puisse espĂ©rer qui ne soit pas fou ». On approche du village ; on contourne le bois. On voit une femme blonde. Fouillade nous apprend qu’elle s’appelle Eudoxie, qu’elle est rĂ©fugiĂ©e et qu’elle est Ă  Gamblin dans une famille 80. Lamuse s’intĂ©resse Ă  elle. Il apparaĂźt. Il veut porter les affaires de Volpatte et de Fouillade. En fait 81, il cherche Eudoxie. Elle rĂ©apparaĂźt et je comprends que c’est Ă  Farfadet que la bohĂ©mienne s’intĂ©resse. Lamuse n’a rien vu mais le plus blessĂ© n’est peut-ĂȘtre pas celui qu’on pense. On redescend au village 82 et les camarades se rassemblent sur la place de l’église V. L’ASILE Marche du rĂ©giment en quĂȘte d’un nouveau gĂźte sur la route qui monte au milieu du bois. Cohue endiguĂ©e par les talus et vacarme nocturne. On n’y voit rien 83. Spectacle de l’aube aprĂšs plusieurs haltes. On sort de cette nuit de marche. Le nouveau cantonnement Gauchin-l’AbbĂ©. D’aprĂšs la rumeur, il y a tout ici Brigade, Conseil de Guerre 84, une espĂšce de terre promise. AprĂšs vingt-huit kilomĂštres dans la nuit, on arrive prĂšs des maisons au petit jour mais on ne s’arrĂȘte pas. Brouillard et froid. Le soleil perce enfin 85 et devient ardent. BientĂŽt il fait chaud dans ce pays de craie. Long nuage de calcaire et de poussiĂšre, les pieds semblent barboter dans des auges de maçons. On s’écarte pour laisser passer un convoi de camions qui soulĂšve un nuage de poussiĂšre qui nous recouvre 86. On ressemble Ă  des statues de plĂątre. On se remet en route. ArrivĂ©e au cantonnement sur le coup de midi. Le rĂ©giment envahit la seule rue de Gauchin-l’AbbĂ©. Les hommes s’engouffrent dans les bĂątiments. Nous allons jusqu’au bout du village puis revenons Ă  l’entrĂ©e 87. Fatigue et impatience au sein de l’escouade oĂč chacun est pressĂ© de trouver un coin Ă  louer chez l’habitant. Ce sera difficile trois compagnies arrivent aprĂšs la nĂŽtre, quatre sont arrivĂ©es avant et il y a beaucoup de gens plus puissants que les simples soldats. La grange dĂ©volue Ă  l’escouade. On dĂ©chante mais il faut se dĂ©pĂȘcher de trouver la meilleure place 88. L’escouade se scinde en deux patrouilles qui partent dans la rue. J’ai l’impression d’une sorte de combat dĂ©sespĂ©rĂ© entre tous les soldats, dans les rues du village qu’on vient d’occuper. — Pour nous, dit Marthereau, la guerre, c’est toujours la lutte et la bataille, toujours, toujours ! » Partout des refus de la part des habitants. Les trois rues du village noires de monde. La foule 89. J’aperçois Eudoxie dans une ruelle. Je ne dis rien Ă  Lamuse qui ne l’a pas vue. Pour le moment, il faut trouver un coin. Barque nous entraĂźne vers une porte jaune. Devant, on rencontre Blaire 90 qui attend la voiture-dentiste. NĂ©gociations avec les habitants pour s’installer. Un local trĂšs sombre en terre battue, encombrĂ© de linge sale 91. Une vieille porte sur deux tonneaux fera office de table. On sera une douzaine. La femme a peur qu’on lui vole sa planche. 92 — Mais nous, on n’est pas des voleurs, insinue Lamuse, avec modĂ©ration pour ne pas irriter la crĂ©ature qui dispose de notre bien-ĂȘtre. — J’dis pas, mais vous savez, les soldats, i’s abĂźment tout. Ah quelle misĂšre que c’te guerre ! » Vingt sous par jour. On essaie de protester. La femme prĂ©vient qu’elle peut trouver d’autres clients. On voudrait acheter du vin. La femme dit qu’elle n’en vend pas. — Vous comprenez, l’autoritĂ© militaire force ceux qui tiennent du vin Ă  le vendre quinze sous. Quinze sous ! Quelle misĂšre que c’te maudite guerre ! On y perd, Ă  quinze sous, monsieur. Alors, j’n’en vends pas d’vin. J’ai bien du vin pour nous. J’dis pas que quĂ©qu’fois, pour obliger, j’en cĂšde pas Ă  des gens qu’on connaĂźt, des gens qui comprennent les choses, mais vous pensez bien, messieurs, pas pour quinze sous ». Elle accepte finalement de vendre un litre de vin Ă  Lamuse pour vingt-deux sous 93. Elle nous conduit dans le cellier oĂč il y a trois gros tonneaux. Barque ronchonne. La mĂ©gĂšre devient agressive — Vous ne voudrez pas qu’on se ruine Ă  cette misĂšre de guerre ! C’est assez de tout l’argent qu’on perd Ă  ci et Ă  ça. Barque s’accroche avec elle. On s’interpose. Le mari appelle sa femme Palmyre qui s’en va. ColĂšre de Barque et de Marthereau contre les hĂŽtes 94 et contre Lamuse. — J’sais bien que c’est partout et toujours la mĂȘme histoire, mais c’est Ă©gal
 — I’s’ dĂ©merde l’habitant, ah ! oui ! I’ faut bien qu’i’ y en ait qui fassent fortune. Tout le monde ne peut pas s’faĂźre tuer. — Ah ! les braves populations de l’Est ! — Ben, et les braves populations du Nord ! — 
 Qui nous accueillent les bras ouverts !
 — La main ouverte, oui
 — J’te dis, rĂ©pĂšte Marthereau, que c’est un’ honte et une dĂ©gueulasserie ». On annonce la nouvelle au cantonnement. Courses pour le dĂ©jeuner. Barque a rĂ©ussi Ă  se faire donner les pommes de terre et la viande constituant la portion des quinze hommes de l’escouade. Il a aussi achetĂ© du saindoux et des petits pois en conserve. La boĂźte de veau Ă  la gelĂ©e de Mesnil AndrĂ© servira de hors d’Ɠuvre. 95. La cuisine. Une marmite de plus sur la cuisiniĂšre de fonte. La femme se plaint. Les autres arrivent. CrĂ©puscule de cave. Farfadet se frotte contre le mur et se salit. Puis il fait tomber sa cuiller qu’il retrouve charbonneuse 96. Repas abondant. Lueur par le soupirail. Biquet raconte ses tribulations avec une blanchisseuse, Tulacque parle de la queue devant l’épicerie et du rapport qui prĂ©voit des sanctions sĂ©vĂšres en cas de dĂ©prĂ©dations chez l’habitant. Volpatte va ĂȘtre Ă©vacuĂ© et PĂ©pĂšre va aller Ă  l’arriĂšre avec les hommes de la classe 93. Leur hĂŽtesse a des soldats Ă  sa table les infirmiers des mitrailleurs. PĂ©pin parle d’une vieille qui reçoit gratuitement les gars de la 9e parce que son vieux, qui est mort il y a cinquante ans, Ă©tait voltigeur 97. Palmyre apporte le cafĂ©. Pourquoi que vous appelez l’adjudant le juteux ? [
] Toujours ça a Ă©tĂ© ». Dix sous le cafĂ©. Visite de Charlot, un garçon de la maison de la cĂŽtĂ©. Il raconte que ses parents ont aussi des soldats et qu’ils leur vendent tout ce qu’ils veulent. — Dis donc, petit, viens un peu ici, dit Cocon, en prenant le bambin entre ses genoux. Écoute bien. Ton papa i’ dit, n’est-ce pas Pourvu que la guerre continue ! » hĂ© ? — Pour sĂ»r, dit l’enfant en hochant la tĂȘte, parce qu’on devient riche. Il a dit qu’à la fin d’mai on aura gagnĂ© cinquante mille francs. — Cinquante mille francs ! C’est pas vrai ! — Si, si ! trĂ©pigne l’enfant. Il a dit ça avec maman. Papa voudrait qu’ça soit toujours comme ça. Maman, des fois, elle ne sait pas, parce que mon frĂšre Adolphe est au front. Mais on va le faire mettre Ă  l’arriĂšre et, comme ça, la guerre pourra continuer ». Bruit de querelles le mari reproche Ă  sa femme de ne pas savoir y faire 98. On sort de notre souterrain. Les mouches. Dans le bric-Ă -brac de la maison, un vieux monsieur. Il se prĂ©tend le beau-pĂšre de quelqu’un qui est ici. Palmyre le laisse faire en passant le balai sans rien dire 99. Des commĂšres parlent de la façon de doser le Picon. Les bestioles se multiplient Ă  cause de la chaleur. Je vais flĂąner avec Lamuse l’aprĂšs-midi. Corvisart voudrait bien venir avec nous mais il est de corvĂ©e de colombins. Des cris Barque en proie Ă  une mĂ©nagerie de mĂ©nagĂšres. La scĂšne est observĂ©e par une fillette 100. Six hommes, conduits par un caporal-fourrier, portent des capotes neuves et des chaussures. Lamuse voudrait de nouvelles chaussures. Un aĂ©roplane ronfle. Lamuse ne croit pas au progrĂšs — Ces machines-lĂ , jamais ça ne deviendra pratique, jamais. — Comment peux-tu dire ça ! On a fait tellement de progrĂšs, si vite
 — Oui, mais on s’arrĂȘtera lĂ . On ne fera jamais mieux, jamais ». Il prĂ©fĂšre me parler d’Eudoxie. Elle est lĂ . Je fais semblant de ne pas m’en ĂȘtre aperçu 101. Mon vieux, veux-tu que je te dise ? Elle est venue pour moi ». Il veut Ă©pouser cette Eudoxie Dumail, cette paysanne plus belle qu’une Parisienne. Il a du mal Ă  exprimer ses sentiments 102. C’est parti pour le commerce local avec les soldats. CortĂšge d’un enterrement militaire. Nous avons dĂ©passĂ© les derniĂšres maisons. Au bout de la rue, le train rĂ©gimentaire et le train de combats se sont installĂ©s avec leur matĂ©riel, les chevaux, la forge. Au bord du camp, la fameuse voiture stomatologique que cherchait Blaire 103. Il est lĂ  et interpelle Sambremeuse, l’infirmier, qui revient de ses courses. Suite de la promenade dans un sentier. Puis, nous nous trouvons face-Ă -face avec Eudoxie 104. DĂ©claration d’amour de Lamuse Ă  Eudoxie qui le repousse. Il veut l’embrasser. Elle suffoque. Je m’interpose. Elle s’en va. J’entraĂźne le pauvre Lamuse 105. Les hommes du corps de garde Bigornot, Cornet, Canard, La Mollette parlent d’un marchand de vin, de PĂ©pĂšre, des femmes. Les autres regardent des avions ennemis. 106 On rentre. Carassus et Cheyssier annonce le dĂ©part de PĂ©pĂšre Ă  l’arriĂšre. Des bandes de poilus en conversations dans le village. Cohue autour d’un marchand de journaux. Fouillade, Paradis. Biquet nous parle de sa tenue qu’il va devoir nettoyer. Montreuil a une lettre pour lui c’est sa mĂšre qui s’inquiĂšte pour lui. Au centre du village 107, l’affluence augmente. On salue le commandant, et l’aumĂŽnier noir. On est interpellĂ©s par Pigeon, Guenon, le jeune Escutenaire, le chasseur Clodore. Bizouarne, Chanrion, Roquette parlent du dĂ©part de PĂ©pĂšre. Biquet de la lettre de sa mĂšre. Elle date de dix jours. On rejoint notre asile. On est bien maintenant ». Biquet Ă©crit Ă  sa mĂšre 108. VI. HABITUDES Poule noire, deux poussins, un vieux coq dans la basse-cour. Commentaires de Paradis et de Volpatte. On est bien, dit Barque » 109. Les petits canards. Au-delĂ  de cette cour de ferme, un verger, une prairie, des abeilles, un prĂ©, une pie. Les soldats s’étirent sur un banc de pierre. VoilĂ  dix-sept jours qu’on est lĂ . Des poilus se promĂšnent. Tellurure 110. On croyait aussi qu’on s’rait malheureux ici comme dans les autres cantonnements. Mais cette fois-ci, c’est le vrai repos, et par le temps qu’i’ dure, et par la chose qu’il est ». Pas trop d’exercices, pas trop de corvĂ©es. Au bout du banc, le vieux bonhomme au trĂ©sor. Autrefois, il aimait les femmes ; maintenant, il ne pense plus qu’à l’argent. Il repart chercher son trĂ©sor et entre dans la maison 111. Dans la chambre, une petite fille joue Ă  la poupĂ©e trĂšs sĂ©rieusement. On regarde le temps qui passe. Nous nous sommes attachĂ©s Ă  ce coin de pays oĂč le hasard nous a maintenus, au milieu de nos perpĂ©tuels errements, plus longtemps et plus en paix qu’ailleurs ». Le mois de septembre. On s’est habituĂ©s, ces lieux et nous, Ă  ĂȘtre ensemble et on ne pense plus rĂ©ellement au dĂ©part. La 11e Division est restĂ©e un mois et demi au repos et la 375e neuf semaines. — On finirait bien la guerre ici
 Barque s’attendrit et n’est pas loin de le croire — AprĂšs tout, elle finira bien un jour, quoi ! » 112 Farfadet est plus heureux que nous Ă  cause de son idylle avec Eudoxie. Il va nous quitter il va ĂȘtre appelĂ© Ă  l’arriĂšre, Ă  l’Etat-major de la Brigade 113. VII. EMBARQUEMENT Une alerte nous a, dans la nuit, arrachĂ©s au sommeil et au village de Gauchin-l’AbbĂ© et on a marchĂ© jusqu’à une gare. On est sentinelles sur le quai. Une locomotive empĂȘche Barque de parler 114. Des rames de quarante Ă  soixante wagons. Les convois, les bĂątiments de la gare. Des voitures militaires, des camions, des files de chevaux dans des terrains vagues 115. On embarque des canons camouflĂ©s. Un cheval peint. Sur le soir, des soldats arrivent, de plus en plus nombreux. Les statistiques de Cocon C’est rien ça encore, dit Cocon, l’homme-statistique. Rien qu’à l’ État-Major du Corps d’ArmĂ©e, 116 il y a trente autos d’officier, et tu sais pas, ajouta-t-il, combien i’ faudra de trains de cinquante wagons pour embarquer tout le Corps – bonhommes et camelote – sauf, bien entendu, les camions, qui rejoindront le nouveau secteur avec leurs pattes ? N’cherche pas, bec d’amour. Il en faudra quatre-vingt-dix ». Il y en a trente-neuf. Gare surpeuplĂ©e. Le soir, les lumiĂšres s’allument 117. La gare prend un aspect fantastique. Cavaliers et fantassins s’avancent. On embarque des chevaux. Des voitures sur des wagons-tombereaux. La Section des projecteurs 118. — Il y a quatre Divisions, Ă  cette heure, au Corps d’ArmĂ©e, rĂ©pond Cocon. Ça change quelquefois c’est trois, des fois, c’est cinq. Pour le moment, c’est quatre. Et chacune de nos divisions, reprend l’homme-chiffre que notre escouade a la gloire de possĂ©der, renferme trois – rĂ©giments d’infanterie ; deux – bataillons de chasseurs Ă  pied ; – un – rĂ©giment d’infanterie territoriale – sans compter les rĂ©giments spĂ©ciaux, Artillerie, GĂ©nie, Train, etc., sans non plus compter l’ État-Major de la et les services non embrigadĂ©s, rattachĂ©s directement Ă  la Un rĂ©giment de ligne Ă  trois bataillons occupe quatre trains un pour l’ la Compagnie de mitrailleuses et la compagnie hors rang, et un par bataillon. Toutes les troupes n’embarqueront pas ici les embarquements s’échelonneront sur la ligne selon le lieu des cantonnements et la date des relĂšves ». Tulacque est fatiguĂ© parce qu’on ne leur donne pas assez Ă  manger. — Je m’suis renseignĂ©, reprend Cocon. Les troupes, les vraies troupes, ne s’embarqueront qu’à partir du milieu de la nuit. Elles sont encore rassemblĂ©es çà et lĂ  dans les villages Ă  dix kilomĂštres Ă  la ronde. C’est d’abord tous les services du Corps d’ArmĂ©e qui partiront et les – Ă©lĂ©ments non endivisionnĂ©s, explique obligeamment Cocon, c’est-Ă -dire rattachĂ©s directement au ». Parmi les tu ne verras pas le Ballon, ni l’Escadrille c’est des trop gros meubles, qui naviguent par leurs seuls moyens avec leur personnel, leurs bureaux, leurs infirmeries. Le rĂ©giment de chasseurs est un autre de ces [
] 119 Comme du Corps d’ArmĂ©e, y a l’Artillerie de Corps, c’est-Ă -dire l’artillerie centrale qui est en plus de celle des divisions. Elle comprend l’ – artillerie lourde, – l’ – artillerie de tranchĂ©es, – les – parcs d’artillerie, – les auto-canons, les batteries contre-avions, est-ce que je sais ! Il y a le GĂ©nie, la PrĂ©vĂŽtĂ©, Ă  savoir le Service des cognes Ă  pied et Ă  cheval, le Service de SantĂ©, le Service vĂ©tĂ©rinaire, un escadron du Train des Ă©quipages, un rĂ©giment territorial pour la garde et les corvĂ©es du – Quartier GĂ©nĂ©ral, – le Service de l’Intendance avec le Convoi administratif, qu’on Ă©crit pour ne pas l’écrire comme le Corps d’ArmĂ©e. Il y a aussi le Troupeau de BĂ©tail, le DĂ©pĂŽt de Remonte, etc. ; le Service Automobile – tu parles d’une ruche de filons dont j’pourrais t’parler pendant une heure si j’voulais – le Payeur, qui dirige les TrĂ©sors et Postes, le Conseil de Guerre, les TĂ©lĂ©graphistes, tout le Groupe Ă©lectrogĂšne. Tout ça a des directeurs, des commandants, des branches et des sous-branches, et c’est pourri de scribes, de plantons et d’ordonnances, et tout l’bazar Ă  la voile. Tu vois d’ici au milieu d’quoi s’trouve un gĂ©nĂ©ral commandant de Corps ! » À ce moment, nous fĂ»mes environnĂ©s par un groupe de soldats porteurs, en plus de leur harnachement, de caisses et de paquets ficelĂ©s dans du papier, qu’ils traĂźnaient cahin-caha et posĂšrent Ă  terre en faisant ouf. — C’est les secrĂ©taires d’État-Major. Ils font partie du – du Quartier GĂ©nĂ©ral – c’est-Ă -dire de quelque chose comme la suite du GĂ©nĂ©ral. Ils trimbalent, quand ils dĂ©mĂ©nagent, leurs caisses d’archives, leurs tables, leurs registres et toutes les petites saletĂ©s qu’il leur faut pour leurs Ă©critures. Tiens, tu vois, ça, c’est une machine Ă  Ă©crire que ces deux-lĂ  – ce vieux papa et c’petit boudin – emportent, la poignĂ©e enfilĂ©e dans un fusil. Ils sont en trois bureaux, et il y a aussi la Section du Courrier, la Chancellerie, la – Section Topographique du Corps d’ArmĂ©e – qui distribue 120 les cartes aux divisions et fait des cartes et des plans, d’aprĂšs les aĂ©ros, les observateurs et les prisonniers. C’est les officiers de tous les bureaux qui, sous les ordres d’un sous-chef et d’un chef – deux colons – forment l’État-Major du Mais le proprement dit, qui comprend aussi des ordonnances, des cuisiniers, des magasiniers, des ouvriers, des Ă©lectriciens, des gendarmes, et les cavaliers de l’Escorte, est commandĂ© par un commandant ». Des hommes essaient de faire monter une voiture sur un wagon. L’un d’entre eux bouscule Barque. On gĂȘne partout 121. Les hommes commentent ces Ă©vĂ©nements. On se tait et alors on entend Cocon qui dit — Pour voir passer toute l’armĂ©e française qui tient les lignes – je ne parle pas de c’qui est installĂ© en arriĂšre, oĂč il y a deux fois plus d’hommes encore, et des services comme des ambulances qu’ont coĂ»tĂ© 9 millions et qui vous Ă©vacuent des 7000 malades par jour – pour la voir passer dans des trains de soixante wagons qui se suivraient sans arrĂȘt Ă  un quart d’heure d’intervalle, il faudrait quarante jours et quarante nuits ». Les hommes se dĂ©sintĂ©ressent de ces chiffres et suivent d’un Ɠil larmoyant le train blindĂ© qui passe 122. VIII. LA PERMISSION Eudore rentre de permission. Il rencontre un tringlot soldat du train puis quatre hommes qui reviennent de la corvĂ©e de vin 123. Ils lui demandent s’il a vu sa femme Mariette. Oui, mais une seule fois. Eudore raconte son histoire. Ils tiennent un estaminet dans une des quatre maisons de Villiers-l’AbbĂ©. En vue de sa permission, Mariette avait demandĂ© un laissez-passer, bien Ă  l’avance, pour Mont-Saint-Eloi oĂč habitent les parents d’Eudore. Mais la permission est arrivĂ©e plus tĂŽt que prĂ©vue si bien qu’elle n’avait pas reçu le papier. Eudore a attendu chez ses parents et Ă  la fin du sixiĂšme et dernier jour, il a reçu une lettre de Mariette, par l’intermĂ©diaire du fils de Florence, pour le prĂ©venir qu’elle n’avait pas encore le laissez-passer. Il a finalement dĂ©cidĂ© d’aller Ă  Villiers-l’AbbĂ© 124. AprĂšs une visite au maire, il s’est mis en route 125 d’abord en train puis Ă  pied, sous la pluie qui tombait sans discontinuer depuis six jours. Il arrive Ă  la station avec quatre autres permissionnaires. Ils passent devant la ferme des Alleux qui est la premiĂšre maison. DĂ©truite 126 comme la deuxiĂšme. Ils arrivent Ă  celle d’Eudore et Mariette, la troisiĂšme. Eudore retrouve sa femme et il dit Ă  ses camarades de rentrer. Ils ne pourront aller de nuit jusqu’à Vauvelles. Eudore propose alors de les accompagner jusqu’à la derniĂšre maison, la ferme du Pendu 127. Mais un sous-officier de garde leur dit que la ferme est devenue un poste de police et qu’ils ont des prisonniers allemands. Ils doivent repartir. Eudore revient donc chez lui avec les permissionnaires. Ils voudraient bien dormir dans la cave mais elle est inondĂ©e et il n’y a pas de grenier. Ils s’apprĂȘtent Ă  partir 128. Il est neuf heures du soir. Eudore et Mariette les empĂȘchent de s’en aller. Ils sont restĂ©s comme ça toute la nuit. Au matin 129, les premiers clients arrivent Ă  l’estaminet pour boire un cafĂ©. Mariette s’affaire Ă  le prĂ©parer. Les permissionnaires dont un gros MacĂ©donien viennent remercier Mariette et s’excuser du dĂ©rangement 130. Ils veulent payer le cafĂ© mais Mariette leur offre. Ils s’en vont mais dĂ©jĂ  un autre client arrive. Mariette a prĂ©parĂ© un paquet pour Eudore un jambonneau, un litre de vin et du pain. — Pauv’ Mariette, soupire Eudore. Y avait quinze mois que je ne l’avais vue. Et quand est-ce que je la reverrai ! Et est-ce que je la reverrai ? » Eudore va partager ce colis avec ses camarades de l’escouade 131. IX. LA GRANDE COLÈRE Volpatte rentre de deux mois de convalescence, renfrognĂ©. Ses camarades lui demandent de parler. Il ne veut rien dire. AprĂšs une mĂątinĂ©e de terrassement, on se retrouve pour 132 le repas dans un boyau d’arriĂšre. Pluie torrentielle. On mange debout. Barque et Blaire interrogent Volpatte qui finit par dire ce qu’il a sur le cƓur il y a trop d’embusquĂ©s Ă  l’arriĂšre 133. Barque lui conseille de ne pas se soucier d’eux. Volpatte gronde — J’suis pas maboul tout Ă  fait, et j’sais bien qu’des mecs de l’arriĂšre, l’en faut. Qu’on aye besoin d’traĂźne-pattes, j’veux bien
 Mais y en a trop, et ces trop-lĂ , c’est toujours les mĂȘmes, et pas les bons, voilĂ  ! » Volpatte commence Ă  expliquer. Tous les planquĂ©s bien au chaud qu’il a vus dans le premier patelin oĂč on l’a envoyĂ© et qui diront ensuite qu’ils ont Ă©tĂ© Ă  la guerre Ah ! mon vieux, ruminait notre camarade, tous ces mecs qui baguenaudent et qui papelardent lĂ -dedans, astiquĂ©s, avec des kĂ©brocs et des paletots d’officiers, des bottines – qui marquent mal, quoi – et qui mangent du fin, s’mettent, quand ça veut, un cintiĂšme de casse-pattes dans l’cornet, s’lavent plutĂŽt deux fois qu’une, vont Ă  la messe, n’dĂ©fument pas et l’soir s’empaillent dans la plume en lisant sur le journal. Et ça dira, aprĂšs J’suis t’étĂ© Ă  la guerre. » Une chose a frappĂ© Volpatte ces planquĂ©s-lĂ  s’installent Ă  leur aise chez les gens au lieu de manger sur le pouce comme les soldats 134. Tant mieux pour eux », dit le voisin de Volpatte qui n’est pas content de cette remarque. Le voisin lui dit qu’il voudrait bien ĂȘtre Ă  leur place. — Pour sĂ»r, mais qu’est-ce que ça prouve, face de fesse ? D’abord, nous, on a Ă©tĂ© au danger et ce s’rait bien not’ tour. C’est toujours les mĂȘmes, que j’te dis, et pis, pa’ce qu’y a lĂ -d’dans des jeunes qu’est fort comme un bƓuf, et balancĂ© comme un lutteur, et pis pa’c’qu’y en a trop. Tu vois, c’est toujours trop » que j’dis, parce que c’est ça ». Le voisin cherche Ă  provoquer Volpatte il faut bien que quelqu’un fasse marcher les affaires 135. Le temps se calme. Volpatte parle d’un gars qu’il a rencontrĂ© dans un hĂŽpital d’évacuation et qui l’a guidĂ© dans le dĂ©pĂŽt pour lui montrer tout ce qui se passait. Mais lui n’est pas retournĂ© aux tranchĂ©es comme Volpatte. L’lendemain, i’ s’était fait coller ordonnance, pour couper Ă  un dĂ©part, vu qu’c’était son tour de partir depuis l’commencement d’la guerre ». Sur le pas de sa porte oĂč il dormait dans un lit, il passait son temps Ă  cirer les chaussures de son chef. Jamais, mon vieux, i’ n’avait Ă©tĂ© envoyĂ© sur le front, quoique de la classe 3 et un costaud bougre, tu sais. L’danger, la fatigue, la mocherie de la guerre, c’était pas pour lui, pour les autres, oui. I’ savait que si i’ mettait l’pied sur la ligne de feu, la ligne prendrait toute la bĂȘte, aussi i’ coulait de toutes les pattes pour rester sur place. On 136 avait essayĂ© de tous les moyens pour le possĂ©der, mais c’était pas vrai, il avait glissĂ© des pinces de tous les capitaines, de tous les colonels, de tous les majors, qui s’étaient pourtant bougrement foutus en colĂšre contre lui. I’ m’racontait ça. Comment qu’i’ f’sait ? I’ s’laissait tomber assis. I’ prenait un air con. I’ faisait l’saucisson. I’ d’venait comme un paquet de linge sale. J’ai comme une espĂšce de fatigue gĂ©nĂ©rale », qu’i’ chialait. On savait pas comment l’prendre et, au bout d’un temps, on le laissait tomber, i’ s’faisait vomir par tout un chacun. V’lĂ . I’ changeait sa maniĂšre aussi suivant les circonstances, tu saisis ? Qué’qu’fois, l’pied y faisait mal, dont i’ savait salement bien s’servir. Et pis, i’ s’arrangeait, l’était au courant des binaises, savait toutes les occases. Tu parles d’un mecton qui connaissait les heures des trains ! Tu l’voyais s’rentrer en s’glissant en douce dans un groupe du dĂ©pĂŽt oĂč c’était l’filon, et y rester, toujours en douce poil-poil, et mĂȘme, i’ s’donnait beaucoup d’mal pour que les copains ayent besoin de lui. I’ s’levait Ă  des trois heures du matin pour faire le jus, allait chercher de l’eau pendant que les autres bouffaient ; enfin quoi, partout oĂč i’ s’était faufilĂ©, il arrivait Ă  ĂȘtre d’la famille, c’pauv’ type, c’te charogne ! Il en mettait pour ne pas en mettre. I’ m’faisait l’effet d’un mec qu’aurait gagnĂ© honnĂȘtement cent balles avec le travail et l’emmerdement qu’il apporte Ă  fabriquer un faux billet de cinquante. Mais voilĂ  I’ raboulera sa peau, çui-lĂ . Au front, i’ s’rait emportĂ© dans l’mouvement, mais pas si bĂȘte ! I’ s’fout d’ceux qui prennent la bourre sur la terre, et i’ s’foutra d’eux plus encore quand i’s seront d’ssous. Quand i’s auront fini tous de s’battre, i’ r’viendra chez lui. I’ dira Ă  ses amis et connaissances Me v’lĂ  sain t’et sauf », et ses copains s’ront contents, parce que c’est un bon type, avec des magnes gentilles, tout saligaud qu’il est, et – c’est bĂȘte comme tout – mais c’t’enfant d’vermine-lĂ , tu l’gobes ». Il y en a beaucoup comme lui dans chaque dĂ©pĂŽt, ajoute Volpatte 137. C’est pas nouveau, ajoute Barque. Mais Volpatte n’en revient pas d’avoir vu autant de gens dans les bureaux. — Y a les bureaux ! ajouta Volpatte, lancĂ© dans son rĂ©cit de voyage. Y en a des maisons entiĂšres, des rues, des quartiers. J’ai vu que mon tout petit coin de l’arriĂšre, un point, et j’en ai plein la vue. Non, j’n’aurais pas cru qu’pendant la guerre y avait tant d’hommes sur des chaises 
 » La pluie s’arrĂȘte. On se met en marche. On entend encore le bruit de Volpatte dans le bruit des pas. Il en veut maintenant aux gendarmes. Plus on s’éloigne du front, plus on en voit. Tulacque lui aussi a une rancune contre eux. Ils embĂȘtent les gars qui essaient de se dĂ©brouiller. Un gars essaie de les dĂ©fendre 138 mais Tulacque et Volpatte insistent. Volpatte prĂ©cise que certains gendarmes pestent contre les rĂšglements qui changent sans arrĂȘt T’nez, le service prĂ©vĂŽtal ; eh bien, vous apprenez c’qui fait le principal chapitre de la chose, aprĂšs c’n’est plus ça. Ah ! quand cette guerre s’ra-t-elle finie ? » qu’i’ disait. — I’s font ce qu’on leur dit de faire, ces gens, hasarda Eudore. — Bien sĂ»r. C’est pas d’leur faute, en somme. N’empĂȘche que ces soldats de profession, pensionnĂ©s, mĂ©daillĂ©s – alors que nous, on est qu’des civils – auront eu une drĂŽle de façon de faire la guerre ». Volpatte Ă©voque un forestier qui se plaignait du traitement que leur rĂ©servaient les civils alors qu’ils avaient fait quatre ans de service Dans les on nous fait nettoyer, et enlever les ordures. Les civils voient c’traitement qu’on nous inflige et nous dĂ©daignent. Et si tu as l’air de rouspĂ©ter, c’est tout juste si on n’parle pas de t’envoyer aux tranchĂ©es, comme les fantassins ! Qu’est-ce que devient notre prestige ! Quand nous serons de retour dans les communes, comme gardes, aprĂšs la guerre – si on en revient, de la guerre – les gens, dans les communes et les forĂȘts, diront Ah ! c’est vous que vous dĂ©crottiez les rues Ă  X
 ? » 139 Lamuse a vu un gendarme qui Ă©tait juste mais qui a reconnu que certains abusaient de leur pouvoir. Un jour, Paradis a pris un gendarme pour un sous-lieutenant. Un peu plus tard, alors qu’ils sont assis le long d’un mur, Volpatte continue son dĂ©ballage. Il Ă©tait dans le bureau de la comptabilitĂ© au DĂ©pĂŽt. Il avait fait une demande pour ĂȘtre reversĂ© dans son rĂ©giment. Il tombe sur un sergent 140 en train d’engueuler un scribe pour des histoires de procĂ©dure. Il attend la fin de l’engueulade et le sergent lui dit qu’il n’a pas de temps. Il est dans tous ses Ă©tats Ă  cause de sa machine Ă  Ă©crire. Puis il s’en prend Ă  quelqu’un d’autre pour une histoire de bordereau de cartes. A cotĂ©, un autre s’occupe des circulaires. D’autres causent. Au bout de la grande table un homme 141 chargĂ© des permissions se retrouve sans rien Ă  faire depuis que la grande attaque a commencĂ© et que les permissions ont Ă©tĂ© suspendues. Il y a encore beaucoup d’autres tables dans d’autres salles. Tulacque Ă©voque le cas d’un chauffeur bien habillĂ© et galonnĂ© appuyĂ© sur une voiture. Tout le monde a son couplet sur les filoneurs ». Les exemples 
 planton au Service Routier, pis Ă  la Manute, pis cycliste au ravitaillement du XIe Groupe, porteur de pli au Service de l’Intendance, au Canevas du Tir, Ă  l’Équipage des Ponts, et le soir Ă  l’ et Ă  l’ ordonnance que les femmes 142 prenaient pour des soldats, un autre qui a fait une tournĂ©e d’confĂ©rences en AmĂ©rique avec mission du ministre.

Le10 mai 1940, le champ d’aviation de Nivelles est bombardĂ©. Les hangars sont dĂ©truits. Trois victimes sont Ă  dĂ©plorer et l’une d’elles est dĂ©cĂ©dĂ©e. Le lendemain, l’aviation allemande bombarde la gare de Baulers, les annexes sont dĂ©truites ainsi que deux habitations, tuant Victorine Janssens et son garçon de cinq ans.

David Diop vient de remporter le prix Goncourt des LycĂ©ens pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil. Le chant dĂ©chirant d'un tirailleur sĂ©nĂ©galais pris de folie dans la boucherie de 14, aprĂšs avoir assistĂ© impuissant Ă  la mort de son ami d'enfance, celui qu'il appelle son "plus que frĂšre". David Diop signe un 1er roman d'une beautĂ© Ă©crasante, qui donne voix aux milliers d'Africains, quasiment jamais entendus. Le romancier David Diop a remportĂ© jeudi le convoitĂ© Goncourt des LycĂ©ens, qui fĂȘte cette annĂ©e ses 30 ans, pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil, histoire d'amitiĂ©, jusqu'Ă  la folie, dans l'enfer des tranchĂ©es. Le roman a Ă©tĂ© choisi au 2e tour, par 5 voix sur 13, devant "Le Malheur du Bas" Albin Michel d'InĂšs Bayard et "La vraie vie" d'Adeline DieudonnĂ© L'Iconoclaste. Le jury a Ă©tĂ© sĂ©duit par "sa vision terrible de la Grande guerre, entre Afrique et Europe, sagesse et folie". L'an dernier, les lycĂ©ens avaient consacrĂ© "L'art de perdre" Flammarion d'Alice Zeniter, un rĂ©cit puissant sur les non-dits de la guerre d'AlgĂ©rie racontant le destin d'une famille française dont le grand-pĂšre fut malheureux du Femina, du MĂ©dicis, du Goncourt et du Renaudot, David Diop Ă©tait le seul auteur Ă  figurer dans toutes les sĂ©lections des grands prix littĂ©raires d'automne et le seul homme en lice pour le Goncourt des lycĂ©ens. "Je suis extrĂȘmement heureux d'avoir Ă©tĂ© choisi par vous parce que je suis enseignant et que j'ai enseignĂ© en lycĂ©e Ă  la fin du siĂšcle dernier, mais je garde toujours dans mon coeur vos regards, vos sourires, quand vous dĂ©couvrez les textes et je suis vraiment trĂšs sensible Ă  votre, je ne vais pas dire amour, disons prĂ©dilection", a dĂ©clarĂ© David Diop, joint par tĂ©lĂ©phone. L’histoire 1914. Ils ont vingt ans, Alfa Ndyaye et Mademba Diop, deux jeunes SĂ©nĂ©galais amis d'enfance, venus de leur village sur le sol français pour dĂ©fendre la patrie. "Vous les chocolats d'Afrique Noire vous ĂȘtes naturellement les plus courageux parmi les courageux. La France reconnaissante vous admire", leur rĂ©pĂšte le capitaine Armand. Alors quand il leur ordonne de sortir de la tranchĂ©e pour affronter l'ennemi, ils font comme leurs camarades, ils sortent du trou et se lancent en hurlant, "le fusil rĂ©glementaire dans la main droite et le coupe-coupe sauvage dans la main gauche". Un jour, Ă  la sortie de la tranchĂ©e, Mademba Diop est blessĂ©. La mort ne vient pas tout de suite. "Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait dĂ©jĂ  le dedans du corps dehors". Alors que les soldats ont depuis longtemps rejoint la tranchĂ©e, Alfa reste au cĂŽtĂ© de Mademba, assistant Ă  la longue agonie de son "plus que frĂšre", sans savoir quoi faire. "Trois fois il m’a demandĂ© de l’achever, trois fois j’ai refusĂ©". Quand enfin son ami rend son dernier souffle, Alfa porte son corps jusqu'Ă  la tranchĂ©e, en pensant, trop tard, qu'il aurait dĂ» faire ce que lui demandait son ami abrĂ©ger ses souffrances. "Ah, Mademba Diop ! Ce n'est que quand tu t'es Ă©teint que j'ai vraiment commencĂ© Ă  penser. Ce n'est qu'Ă  ta mort, au crĂ©puscule, que j'ai su, j'ai compris que je n'Ă©couterais plus la voix du devoir, la voix qui ordonne, la voix qui impose la voie. Mais c'Ă©tait trop tard", tard. Alpha commence sa guerre. DĂ©cide de ne plus faire le sauvage pour la France "parce que ça l'arrange". Il devient "sauvage par rĂ©flexion". "Quand je sors du ventre de la terre, je suis inhumain par choix, je deviens inhumain un tout petit peu. Non pas parce que le capitaine me l'a commandĂ©, mais parce que je l'ai pensĂ© et voulu". Et il se met Ă  tuer Ă  sa maniĂšre, rĂ©pĂ©tant Ă  chaque sortie de la tranchĂ©e le mĂȘme rituel macabre, une cĂ©rĂ©monie qu'il accomplit en pensant Ă  son "plus que frĂšre" Mademba. Il en choisit un. Un du camp adverse. Il le ligote. Il l'Ă©ventre. Puis il fait pour lui ce qu'il n'a pas fait pour son ami. "DĂšs sa seconde supplication des yeux, je lui tranche la gorge comme aux moutons du sacrifice. Ce que je n'ai pas fait pour Mademba Diop, je le fais pour mon ennemi aux yeux bleus. Par humanitĂ© retrouvĂ©e". Le rituel se finit toujours de la mĂȘme maniĂšre il dĂ©coupe la main de l'ennemi aux yeux bleus, et la rapporte comme un trophĂ©e dans la tranchĂ©e. Au dĂ©but ça rassure ses camarades, qui l'accueillent comme un hĂ©ros. Mais Ă  force, une main, puis deux, puis trois, puis 4,5, 6
 Alpha leur fait peur. Il accomplit jour aprĂšs jour le mĂȘme crime macabre, rien ni personne ne semblant capable de l'arrĂȘter. Jusqu'Ă  ce que le Capitaine l'envoie se "reposer un peu" Ă  l' loin des tranchĂ©es et des obus, Alpha plonge dans son passĂ©. Le village, ses rĂšgles, ses croyances, le chagrin de son pĂšre aprĂšs la disparition de sa mĂšre, son enfance auprĂšs de son ami Mademba, petit et malingre, pendant que lui, Alpha, devenait grand et fort, et le souvenir de "Fary Thiam", la jeune femme qui contre toute les lois du village lui a offert la "joie du corps" avant son dĂ©part pour la guerre, lui donnant un bonheur que son ami et "presque frĂšre" Mademba n'a pas eu la chance de connaĂźtre avant de mourir au front. "Je suis deux voix simultanĂ©es. L'une s'Ă©loigne et l'autre croit", cette citation de Cheikh Hamidou Kane apostĂ©e par l'auteur en exergue de son roman annonce le sortilĂšge Alpha s'enfonce dans ses pensĂ©es, se fond dans les souvenirs, se dissout tant et si fort qu'il finit par se confondre avec son "plus que frĂšre", incorpore son Ăąme Ă  la sienne jusqu'Ă  s'effacer, jusqu'Ă  lui cĂ©der sa place, pour rĂ©parer l'irrĂ©parable, apurer la boucherie, sauver son ami du nĂ©ant et le rendre Ă  la vie, et pour Alpha, se sauver lui-mĂȘme et retrouver le chemin de l'humanitĂ©."FrĂšre d'Ăąme" est un long cri dĂ©chirant, un chant comme une incantation, qu'il faut lire sans rĂ©sister. Laisser les mots vous percuter sans broncher. David Diop ne nous laisse pas le choix. Il faut avancer avec Alpha. L'accompagner jusqu'aux confins. Et vivre ce que des milliers de tirailleurs sĂ©nĂ©galais ont eu Ă  souffrir, Ă  mourir dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme" est aussi l'histoire d'une Ă©mancipation. "Personne ne sait ce que je pense, je suis libre de penser ce que je veux. Ce que je pense c'est qu'on veut que je ne pense pas. L'impensable est cachĂ© derriĂšre les mots du capitaine. La France du capitaine a besoin que nous fassions les sauvages quand ça l'arrange".David Diop construit son histoire par petits cercles, s'Ă©largissant Ă  chaque passage, phrases rĂ©pĂ©tĂ©es, revisitĂ©es, comme un conte s'enrichissant chaque fois qu'il est une nouvelle fois racontĂ©. En faisant sa propre guerre, Alpha brise le joug. MĂȘme s'il faut s'y perdre, il se rĂ©approprie son histoire, comme le fait l'Ă©crivain en la racontant avec ses propres mots, convoquĂ©s loin, trĂšs loin des tranchĂ©es, dans l'histoire, la coutume, le rythme, la musique, l'Ăąme de ses ancĂȘtres. Avec ce premier roman d'une beautĂ© Ă©crasante, David Diop redonne voix aux milliers de soldats africains, si peu entendus, envoyĂ©s Ă  la mort dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme est en lice pour le Goncourt, le Renaudot, le MĂ©dicis, le FĂ©mina, et le Prix InteralliĂ©. "FrĂšre d'Ăąme", David Diop Seuil - 175 pages - 17 €Ah ! Mademba Diop, mon plus que frĂšre, a mis trop de temps Ă  mourir. Ça a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs difficile, ça n'en finissait pas, du matin aux aurores, au soir, les tripes Ă  l'air, le dedans dehors, comme un mouton dĂ©pecĂ© par le boucher rituel aprĂšs son sacrifice. Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait le dedans du corps dehors. Pendant que les autres s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s dans les plaies bĂ©antes de la terre qu'on appelle les tranchĂ©es, moi je suis restĂ© prĂšs de Mademba, allongĂ© contre lui, ma main droite dans sa main gauche, Ă  regarder le ciel froid sillonnĂ© de mĂ©tal. Trois fois il m'a demandĂ© de l'achever, trois fois j'ai refusĂ©. C'"Ă©tait avant, avant de m'autoriser Ă  tout penser. Si j'avais Ă©tĂ© tel que je suis aujourd'hui, je l'aurais tuĂ© la premiĂšre fois qu'il me l'a demandĂ©, sa tĂȘte tournĂ©e vers moi, sa main gauche dans ma main droite.""FrĂšre d'Ă€me", page 12
100jours en enfer résumé chapitre par chapitre 31. Mai 2022 / in nasser al khelaïfi khalid al khelaifi / von / in nasser al khelaïfi khalid al khelaifi / von
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Devantles cagnas, le capitaine veillait seul, grand corps maigre, tout en jambes. Il attendait Bourland, un de ses hommes de liaison, qu’il avait envoyĂ© Ă  la route pour avoir des nouvelles. J’entendis le retour des souliers cloutĂ©s du soldat. Peu aprĂšs, un ordre passa de hutte en hutte : « Debout Rassemblement.

ï»żRĂ©ponsebonjour je ne sais pas si cela peut t'aider mais j'ai pris ce resumer je n'ai jamais lu ce livre, aprĂšs tu a sĂ»rement un resumer derriĂšre ton livre. Explications A travers l’histoire de Tierno, un jeune homme peulh de dix-sept ans originaire du Fouta-djalon, une rĂ©gion de l’actuelle rĂ©publique de GuinĂ©e, Yves Pinguilly retrace le destin de ces 600 000 Africains arrachĂ©s Ă  leur famille, leur village, leurs traditions, et propulsĂ©s dans l’enfer des combats. Nous sommes en 1915, Tierno fait la fiertĂ© de sa famille parce qu’il a le privilĂšge de pouvoir poursuivre ses Ă©tudes Ă  Dakar, mais lĂ , il sera embarquĂ© de force, en compagnie d’Aboubacar, un Soussou qui devient son ami, par un recruteur, Ă  destination du sud de la France oĂč, comme lui, des milliers de jeunes Africains vont apprendre Ă  faire la guerre avant de faire la guerre ». Puis ce sera l’horreur de Verdun, la boue, les tranchĂ©es, la peur, la mort des camarades et les hommes qu’il faut tuer pour se sauver soi-mĂȘme. soirĂ©e !!
yphk4.
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